8e ELAOPA : Non à la surexploitation de l’Amérique du Sud




Rencontre latino-américaine des organisations populaires et autonomes, voilà ce que veut dire le sigle ELAOPA (en espagnol, Encuentro Latinoamericano de las Organizaciones Populares Autonomas). Un nom qui prend tout son sen quand on a la chance d’y faire un tour et de partager les multiples expériences et espérances que génèrent cette rencontre annuelle.

Comme à chaque fois, tous les pays d’Amérique du Sud étaient représentés, avec plus ou moins d’organisation et d’avancée selon les cas. Cette année 2010, plus de 400 personnes sont venues se nourrir des expériences de chacun, dans un esprit de fête indéniable. Car qu’on le veuille ou non, la révolution est une fête. Si tu n’aimes pas ton prochain il est difficile de se battre pour lui et avec lui...

Bref, l’ELAOPA est de retour sur ses terres après quelques années d’absence, de voyage. L’Uruguay, quel beau pays. Le saviez-vous c’est un ex-tupamaro [1] qui en est le président. Quelle chance : plus de répression, moins de justice sociale…

L’ELAOPA fonctionne autour de huit thèmes, et s’appuie
donc sur le travail de huit commissions : syndicale, étudiante, muraliste, sur les quartiers populaires, sur la question du genre, sur la terre et le milieu ambiant, la culture et la communication. De nombreuses questions sont soulevées afin d’établir une stratégie commune de travail, se basant sur l’échange et l’autoformation des participants. Chacun et chacune en fonction de son contexte politique, économique et sociale participe et développe sa façon de travailler et de s’implanter pour favoriser la construction du poder popular pouvoir populaire »).

On ne va pas résumer toutes les commissions, ce serait trop long… Pour celles et ceux qui veulent en savoir plus, deux sites sont conseillés, Elaopa.org (en espagnol) et Amerikenlutte.free.fr (en français).

La menace du plan IIRSA

Ce qu’il y a en plus cette année c’est le plan IIRSA (Intégration des Infrastructures Sud-Américaines).

Mais quèsaco, l’IIRSA ? Il s’agit d’un plan favorisant les communications entre les pays sud-américains qui se sont rencontrés à Brasilia en 2000. Une belle brochette de c…

Plus de 55 milliards de dollars – soit 7 % de la dette extérieure de l’Amérique du Sud ! Douze axes de communication, le tout dirigé par les États-Unis, dans le cadre du plan ALCA [2]. Plus de 500 projets d’infrastructures de communication ont ainsi été préparés, comme par exemple des ponts, des autoroutes, des voies ferrées, etc. Le but : faciliter le transport de marchandises au profit des multinationales. Relier le Pacifique à l’Atlantique, et continuer d’exploiter les minéraux et les autres ressources locales. Cela va entrainer des dégâts considérables au niveau écologique, en ce qui concerne les conditions de travail, l’exploitation des salarié-e-s, le tout sans respecter les droits des peuples… Ce qu’ils veulent : globaliser l’Amérique du Sud et la surexploiter.

Quel rôle joue ELAOPA contre le Plan IIRSA ?

En conclusion finale de cette huitième édition, a été affirmé le principe logique, selon lequel la lutte est évidemment la même pour tous et pour toutes, quels que soient les espaces considérés (syndical, étudiant, quartier…). La coordination des mobilisations est nécessaire, afin de faire face et de barrer la route au plan IIRSA. C’est pour cela que chaque commission a développé, en fin de discussion, l’étude du plan IIRSA, en se penchant sur la question de la mobilisation et des mouvements à l’échelle régionale. Plus qu’une unité des bases, c’est une union internationale qui se projette. Seule la lutte paie et d’autant plus dans un contexte de capitalisme sauvage où les populations sont laissées pour compte au profit des puissances impérialistes. Une aide internationale, au-delà de la seule Amérique du Sud, sera nécessaire pour donner une visibilité aux mouvements impulsés par nos compagnons d’outre-Atlantique.

Ghislain (AL Marseille)

[1Membre du mouvement des Tupamaros, qui prônait la guérilla et l’action directe dans les années 1970

[2Area de Libre Comercio de las Americas (ALCA), en français Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA).

 
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