AL en Guyane : Anticolonialistes et libertaires




Depuis quelques mois, Alternative libertaire est présent en Guyane, où un groupe a été monté. Quelques questions pour saisir la spécificité du militantisme guyanais.

Alternative libertaire  : Pourquoi et comment avez-vous pris la décision de créer AL en Guyane ?

Alternative libertaire Guyane  : Tout d’abord, pour constituer un pôle d’information et de propagande libertaire. Il nous semblait intéressant de créer un lieu de débat et de discussion pour les libertaires de Guyane. Ensuite, pour apparaître sous la forme d’une organisation spécifique afin de participer aux luttes et aux combats locaux, et devenir un des partenaires des luttes sociales locales et participer à leur développement. Par l’intermédiaire du journal Alternative libertaire, diffusé en Guyane, des camarades ont pris contact avec AL et ont organisé une rencontre entre les gens intéressés.

AL  : Dans quelles luttes êtes-vous impliqués ou comptez-vous vous impliquer ?

ALG : Pour l’instant, nous nous concentrons sur la construction du groupe de l’AL. Les personnes qui le composent sont toutes impliquées à titre individuel dans les luttes contre la précarité, celle des sans-papiers et des mal-logés, dans le collectif pour la scolarisation des enfants et des jeunes, etc. Par exemple, une action de solidarité avec l’UGTG (Union générale des travailleurs de Guadeloupe) a été menée en juillet. Ces militants participent aussi activement au mouvement syndical, et développent la solidarité avec les populations amérindiennes victimes d’intoxication mercurielle.
L’investissement collectif dans ces luttes, la participation à d’autres mouvements comme la lutte pour l’accès à la terre ou le soutien aux prisonniers pourront être des axes d’intervention pour l’AL.

AL  : Comment concevez-vous la lutte anticolonialiste ?

ALG : Elle passe par le soutien et la participation au mouvement anticolonialiste local, par la solidarité avec les autres peuples colonisés, en particulier les peuples antillais du fait de notre proximité géographique. Nous servons d’intermédiaire entre des initiatives anticolonialistes locales et le mouvement libertaire métropolitain. Nous faisons un travail d’information et de propagande libertaire auprès de la population, et faisons connaître aux anticolonialistes guyanais l’apport spécifique des libertaires au mouvement anticolonialiste dans le monde et dans l’histoire. Enfin, nous participons aux forums sociaux régionaux et travaillons à la coordination avec les mouvements et les groupes anticolonialistes, anti-impérialistes et libertaires des pays voisins (Suriname, Brésil, Guyana, Venezuela).

AL  : Pouvez-vous nous décrire rapidement quelles forces et quels courants contribuent aujourd’hui aux luttes sociales et anticolonialistes en Guyane ? Y a-t-il au sein de ces luttes une certaine unité ou des perspectives d’unité entre les différentes composantes ?

ALG : Les deux organisations anticolonialistes les plus importantes de Guyane sont actuellement l’Union des travailleurs guyanais (UTG) et le Mouvement de décolonisation et d’émancipation sociale (MDES).

L’UTG est le premier syndicat de Guyane, avec une très forte capacité de mobilisation et une implantation dans tous les secteurs d’activité. Elle s’est prononcée en faveur de l’indépendance au congrès de Sinnamary en 1973. Elle développe des relations fraternelles avec la CGT. Le MDES est le plus important parti politique indépendantiste. Ses membres militent souvent au sein de l’UTG. En tant que libertaires, nous pouvons déplorer son électoralisme. D’autres organisations indépendantistes sont actives en Guyane, mais leur présence militante est faible. Il existe aussi de fortes individualités ne se reconnaissant dans aucun parti.

L’unité du mouvement social guyanais se fait autour de la nécessité de l’indépendance nationale, mais aucun contenu social progressiste précis n’est donné à cette revendication.

AL  : Enfin, quelle visibilité pour le combat libertaire ?

ALG :Notre action prendra place dans le champ public par une propagande libertaire active en direction de la population. Nous nous adresserons aussi aux militants du mouvement social guyanais, et nous leur proposerons d’être un relais avec le mouvement libertaire en France.

 
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