Affaire de Tarnac : Surveillons la police politique




Des arrestations opérées à Tarnac et du buzz médiatique qui a
suivi, on peut tirer plusieurs enseignements particuliers sur les nouvelles méthodes de la DCRI.

Il n’aura échappé à personne que les récentes arrestations dans le milieu autonome ont eu lieu quelques mois après la fusion de la Direction de la surveillance du territoire (DST) et des Renseignement généraux (RG) dans un nouvel organisme : la Direction centrale du renseignement intérieur (DRCI) a été créée par décret n° 2008-609 du 27 juin 2008. La réorganisation a donné aux militaires de l’ex-DST la mainmise sur le renseignement, au détriment de la police politique que constituaient les RG.

L’article 1.d du décret est très large : la DCRI « participe également à la surveillance des individus, groupes, organisations et à l’analyse des phénomènes de société, susceptibles, par leur caractère radical, leur inspiration ou leurs modes d’action, de porter atteinte à la sécurité nationale ».

Toutes les informations sont centralisées et le « secret défense », se substitue à la discrétion à laquelle les fonctionnaires sont assujettis : « Tout agent public est tenu de garder le secret sur les activités et l’organisation de la DCRI. »

Ce décret de juin 2008 implique le développement d’un service qui n’a de compte à rendre qu’au pouvoir politique. C’est si verrouillé, que même son organisation interne est secret-défense. Le nombre d’agents, les méthodes utilisées, le fichier Cristina, ne sont accessibles à aucune autre autorité que le pouvoir politique. Nos grands démocrates partis à la chasse aux « anarcho-autonomes » n’ont rien dit sur la création de cette police secrète. C’est sans doute qu’ils considèrent qu’elle est nécessaire pour défendre leur opinion et leurs intérêts.

Infiltration directe

Par rapport aux ex-RG, les méthodes employées ont évolué. Les mouvements politiques ciblés font désormais l’objet d’un « travail en milieu fermé », comprendre : un travail d’infiltration directe. Il ne s’agit plus de se contenter de faire parler des militantes ou des militants bavards sur ce qui se passe en interne, mais d’incorporer une taupe policière au mouvement politique ciblé.

Il est pourtant ressorti des interpellations de Tarnac que le groupe d’intervention créé par la DCRI laissait à désirer. Manifestement nos espions politiques maîtrisent insuffisamment les doctrines des différents courants de pensée. Ils s’y perdent un peu.

Mais la cellule de désinformation mise en place par les militaires ne s’embarrasse guère avec ces détails. Il faut dire qu’elle trouve une oreille complaisante auprès de certaines et certains journalistes qui se sont mis eux-mêmes à traquer la « mouvance ultra-gauche anarcho-autonome ».

Les militantes et les militants révolutionnaires sont prévenus. Pour des raisons politiques, les manipulations vont se développer. Déjà que certains journalistes qualifient Fabius de « gauchiste » et que la chaîne parlementaire LCP gratifie certains groupes du néologisme « mégaviolents », on se demande ce qu’ils vont bien pouvoir trouver comme nouveaux qualificatifs.

Plus largement, le mouvement social sait maintenant que le pouvoir est prêt à tout.

Cela implique de prendre des mesures pour que les actions symboliques de masse soient clairement expliquées et fassent l’objet d’une importante propagande. Cela veut dire qu’il faut maintenant, dans toutes les luttes où la radicalité s’exprime, prendre des mesures de protection, contre les mouchards, les infiltrés.

Victor


NE LAISSONS PAS CRIMINALISER TOUTE FORME DE CONTESTATION !

Une fois de plus, la société capitaliste viole allègrement sa propre légalité dans l’affaire dite de la « mouvance anarcho-autonome » suite à l’arrestation de 10 personnes dans le cadre d’une enquête sur des « sabotages » de caténaires sur des lignes SNCF : présomption d’innocence bafouée ; utilisation des dispositions ultra répressives des lois antiterroristes dans une affaire qui n’en relève évidemment pas ; inculpation pour association de malfaiteurs sur la simple collecte de documents politiques, sans faits concrets qui en démontreraient l’existence ! […]

Personne ne sait si les personnes inculpées sont effectivement les auteures de ces « sabotages » et il faut rappeler que les conséquences des actes commis sont insignifiantes comparées aux conséquences de la crise financière orchestrée par le capitalisme. […]

Alternative libertaire appelle à ne pas se laisser duper par cette propagande grossière. Nous considérons que ces actes de malveillance ne sont d’aucune utilité pour les luttes sociales mais, quels que soient leurs auteurs, ils ne relèvent pas de l’action terroriste. […]

Construisons ensemble la mobilisation de masse, la grève générale expropriatrice capable d’imposer les changements nécessaires, c’est à dire la naissance d’une société communiste libertaire !

Alternative libertaire, le 18 novembre 2008

L’intégralité sur www.alternativelibertaire.org

 
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