Argentine : La naissance d’une contre-offensive LGBTI

Lors de son discours à Davos le 23 janvier dernier, Milei avait affirmé sa volonté d’attaquer les droits des femmes et des LGBTI et d’abroger des lois les protégeant au nom de l’égalité. En réponse, une manifestation antiraciste et antifasciste le 1er février relance le mouvement social.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Milei les attaques contre les droits des femmes et LGBTI sont la règle. L’objectif est de revenir sur les droits conquis récemment et les contre pouvoirs les garantissant : le ministère des femmes, du genre et de la diversité a été supprimé en juin 2024 ainsi que l’Inadi (l’institut National contre les discriminations) qui a été fondu dans le ministère de la Justice. Les programmes d’accompagnement des victimes et ceux garantissant le droit à l’avortement ont été définancés, victimes de la cure d’austérité imposée à l’ensemble du pays.
Alors que le nombre d’agressions augmentent, le gouvernement argentin accentue celles-ci par sa violence politique en supprimant les quotas réservés pour les personnes trans, la parité sur les listes électorales et les documents d’identité apposant un X à la place de la mention de sexe ; un droit gagné en 2021.
Une convergence des luttes anti-Milei
Le discours de Milei instrumentalise la notion « d’égalité devant la loi » et alimente la théorie du complot selon laquelle les minorités de genre et sexuelles profiteraient de privilèges. Il a ainsi annoncé sa volonté de supprimer le féminicide de la loi. Le féminicide est inscrit depuis 2012 dans le Code pénal argentin comme un délit et est un facteur aggravant en cas de meurtre et est passible de perpétuité [1].
Milei reprend une rhétorique commune de l’extrême droite pour livrer une bataille culturelle contre la gauche : le complot woke et la théorie du genre, liant les droits LGBTI à la maltraitance infantile, jusqu’à affirmer publiquement lors du forum économique mondial que les queers sont des pédophiles.
Le 25 janvier s’est tenue une Assemblée générale regroupant des collectifs LGBTI au parc Lezema (parc choisi lors du discours de Milei) et une Pride antifasciste et antiraciste s’est organisée le 1er février à Buenos Aires et dans une vingtaine d’autres villes dont même des villes européennes [2]. Elle a réuni plus de deux millions de personnes et a regroupé de nombreux secteurs comme les retraitées et une grande partie du spectre politique argentin du centre à l’extrême gauche sur le mot d’ordre « Basta Milei » (« Il y en a assez de Milei ») et « Nos vies sont en jeu, nous ne retournerons pas au placard » [3].
En amenant avec elle une large partie de la société et en ne se cantonnant plus seulement au cadre des organisations militantes, cette manifestation redonne du souffle au mouvement social argentin. Si cette lancée se poursuit cela pourrait être le point de départ d’une contre-offensive sérieuse à la politique de Mileil, jusqu’à la victoire ?
Victor (UCL Montpellier)





