Argentine : Les multinationales spolient les Mapuches, l’État les encourage




Le sud du Chili est le théâtre d’un conflit pour la terre comme il y en a tant en Amérique du Sud. Les Mapuches, descendant directement des premiers habitants de la région, mènent une lutte inégale pour récupérer les terres accaparées par les latifundistes descendant-e-s de colons européen-ne-s, les multinationales forestières minières et de l’énergie.

En 1960, une famille mapuche possédait en moyenne 9,2 hectares pour vivre. Aujourd’hui il ne lui reste plus que 3 hectares environ. L’avancée des entreprises forestières et hydro-électriques sur les terres mapuches a provoqué une forte augmentation de la pauvreté et de l’exode rural vers les bidonvilles de Santiago.

Terres volées

Aujourd’hui, les plantations artificielles de pins et d’eucalyptus dépassent les 2 millions d’hectares. Elles sont la propriété de grands groupes, dont le groupe Angelini, propriétaire de Forestal Bosques Arauco SA, et le groupe Matte, propriétaire de Forestal Mininco SA. Le peuple mapuche en dispose d’à peine 700 000... Le plus gros des spoliations s’est produit pendant la dictature militaire de Pinochet, mais elles n’ont pas cessé avec le retour à la « démocratie ». Depuis la fin de la dictature, l’État a bien créé un fond de rachats des terres aux bénéfices des Mapuches, mais les moyens mis à sa disposition sont dérisoires. Même quand il est gouverné par le centre gauche de la présidente socialiste Michelle Bachelet, l’État reste dans le camp des puissantes et des puissants, et réprime durement les victimes qui ne se contentent pas d’une aumône.

Le 3 janvier, la police assassine Matias Catrileo, étudiant en agronomie de 22 ans, alors que des prisonniers et des prisonnières politiques de la cause mapuche poursuivent une longue grève de la faim. Matias a été tué par balle lors d’une tentative d’occupation de terres appartenant au latifundiste Jorge Luchsinger, ce descendant de colons suisses est connu pour son racisme et son militantisme d’extrême-droite. La réaction de l’État se passe de commentaire : des membres de la famille de Matias sont arrêté-e-s et maltraité-e-s, tandis que le carabinier qui l’a tué est remis en liberté conditionnelle après une courte incarcération.

En réponse à l’indignation provoquée par ce crime, le gouvernement applique la politique de la petite carotte et du gros bâton. Côté carotte, il y a quelques aménagements de peines pour 3 grévistes de la faim, la nomination d’un conseiller spécial pour les affaires indigènes et la ratification par le sénat de la convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui reconnaît notamment les droits territoriaux des peuples indigènes.

Petite carotte et gros bâton

Côté bâton c’est plus substantiel, le gouvernement envoie des tanks et des hélicoptères pour investir les communautés en lutte. Sous prétexte de perquisitions, les maisons sont saccagées, les habitantes et habitants maltraité-e-s, les cultures agricoles détruites. Pour mieux criminaliser les militants et les militantes, l’État avec la complicité des médias tente de convaincre l’opinion publique que le mouvement est infiltré par l’extrême-gauche armée, voir même par l’ETA ! Et la législation « anti- terroriste » de l’époque de Pinochet est toujours en vigueur, elle autorise par exemple l’utilisation de témoins anonymes par l’accusation.

L’acharnement est proportionnel aux intérêts en jeu : agriculture d’exportation, secteur forestier et industries qui lui sont liées comme les usines de cellulose, production d’électricité… ensemble ils pèsent des dizaines de milliards d’euros. Le pouvoir doit donc faire le nécessaire pour protéger les capitaux investis et pour qu’ils continuent d’affluer. Entre l’héritage d’Allende et celui de Pinochet, la présidente socialiste a fait son choix. Derrière la façade démocratique, le peuple mapuche est menacé de disparition.

Hervé (AL Marseille)

(Les titres et intertitres sont de la rédaction).


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