Cahuzac, pointe émergée de l’iceberg de la fraude fiscale




Depuis mardi la chose est entendue : l’ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac est un « fraudeur », il s’agit de plusieurs centaines de milliers d’euros, et certainement plus encore. Et que répondent le président, les ministres, députés et consorts ? Que c’est pas bien, et que surtout... il a menti ! C’est grave ça, le mensonge. Mais en même temps Hollande & co ne devraient pas être choqués : ils mentent tous les jours en se disant « socialistes ».

Que révèle cette affaire ?
 Qu’un ministre « socialiste » a un parcours sympathique d’homme d’affaire de la chirurgie esthétique, avec collaboration avec les laboratoires pharmaceutiques, investissements dans des « bons coups » avec des anciens du GUD aujourd’hui amis de Marine Le Pen et au moins un compte à l’étranger de façon illégale (mais d’où vient l’argent et à quoi sert-il ?). Quelqu’un de valeur, en somme, pour expliquer qu’il faut de la rigueur et appliquer une politique de saignée des travailleuses et travailleurs.
 Que l’on applique « la rigueur », que ce sont nos retraites et nos salaires qui sont attaqués et remis en cause, que des millions de personnes sans revenus doivent se débrouiller, que des millions de personnes ont du mal à payer leurs factures et/ou vivent dans logements trop petits et/ou insalubres, sont parfois à la rue, qu’il faut « trouver quelques milliards » pour boucler le budget de l’État, que rien n’est fait contre les licenciements massifs, qu’on continue de détruire des emplois dans la fonction publique...
 Que la Fraude fiscale c’est entre 40 et 90 milliards d’euros de recettes fiscales en moins chaque année, rien qu’en France. Des centaines de milliards à l’échelle européenne. Pour comparaison, le budget de l’enseignement scolaire en France en 2013 c’est 65 milliards, celui de la dette c’est 96 milliards...

Mais d’où vient cet argent ? Les entreprises qui fraudent le fisc au niveau international dégagent de la plus-value sur le travail de leurs salarié-e-s. Sur notre travail quoi !

Résumons : une partie de la richesse produite par le travail des salarié-e-s, qui leur est volée, est placée par des entreprises (et leurs patrons/dirigeants) dans des paradis fiscaux. Cet argent doit être « rentable » : il est investi, il sert dans les spéculations internationales, il « rapporte »... Et qui gagne beaucoup en achetant des dettes que nos gouvernants capitalistes nous forcent à rembourser ? Les mêmes !
La boucle est bouclée ! Vive le capitalisme !

Au final la question n’est pas que celle de la fraude fiscale. Il s’agit bien d’un système de collusion entre une oligarchie politique et une oligarchie économique qui a les mêmes intérêts et qui vit dans un autre monde que le nôtre. Ces saigneurs nous proposent des retouches cosmétiques. Qu’a dit Hollande ? Le système va bien, ce qui n’est pas beau c’est le mensonge ! Même pas une mesure sur la fraude fiscale. On reste sur la forme, on évite de parler du fond.

Non, ce qu’il faut c’est un bouleversement en profondeur de nos sociétés, une remise à plat qui se fonde sur les besoins réels des populations.
Alors soyons sur nos gardes et offensifs : pour protéger leurs intérêts les capitalistes et leurs serviteurs sont prêts à tout, même à laisser le champ libre à l’extrême droite. A nous d’agir, à commencer par nous organiser...

Alternative libertaire, le 4 avril 2013

 
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