Classique de la subversion : Anton Pannekoek, « Les conseils ouvriers »




Les Conseils ouvriers d’Anton Pannekoek est l’un des ouvrages fondateurs du communisme conseilliste. Les éditions Spartacus rééditent cet ouvrage en deux volumes. Le premier vient de paraître. Celui-ci se découpe en deux parties. La première décrit le capitalisme en tant que système productif. Il part de la définition de la valeur de Marx et essaye de réactualiser la description du capitalisme. Il revient sur les bases, la théorie de la valeur, les mécanismes de la plus-value, qu’il décrit dans sa complexité, mais de manière pédagogique. Il insiste sur la division du travail. Enfin, à la manière de Bernstein, il décrit les évolutions du mode de production capitaliste depuis le moment du Capital.

Par contre, ses conclusions sont très différentes : au lieu de dire, comme les sociaux-démocrates, que le capitalisme, avec la naissance de l’actionnariat, préfigure l’émergence d’une gestion sociale étatisée de l’économie, Pannekoek affirme que les évolutions du capitalisme, par le biais du renforcement de la division du travail et de la complexité accrue de l’organisation du travail, crée les conditions de la gestion socialisée de l’économie.

Au contraire des sociaux démocrates allemand, pour lui, ce passage ne se fera pas par les réformes mais par la révolution. De même, la gestion de la production ne sera pas faite par l’Etat mais par les conseils de travailleurs. Ceux-ci éviteront la création d’une bureaucratie chargée de gérer la production. Si le mot d’autogestion n’est pas employé, les principes des conseils, et de Pannekoek, préfigurent le socialisme autogestionnaire.

Enfin, l’ouvrage se conclut sur des prévisions sur le futur du monde après la seconde guerre mondiale. Celles-ci, comme tout bon exercice de futurologie, se caractérisent par certaines prévisions étonnantes de prédiction, mais aussi par d’autres qui maintenant apparaissent loufoques, ce qui tend à prouver que la futurologie est un exercice difficile voire impossible.

Les thèses développées dans Les conseils ouvriers présentent une réelle alternative au socialisme d’Etat, qu’il soit sous forme dure (stalinisme) ou molle (social-démocratie). De plus l’ouvrage a l’avantage de présenter un caractère scientifique intéressant. Il commence par la description des mécanismes de l’économie capitaliste, continue avec l’étude des évolutions entre l’époque de Marx et la seconde guerre mondiale et finit par le projet de société de communisme des conseils, de sorte que cette conclusion apparaît comme naturelle.

Il est par ailleurs troublant de voir à quel point communisme libertaire et communisme des conseils sont proches. Une lecture formatrice.

Matthijs (AL Montpellier)

  • Anton Pannekoek, Les Conseils ouvriers, tome 1 : la tâche, la lutte, la pensée, Les amis de Spartacus, 2010, 260 p., 15 euros
 
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