Manifeste de l’UCL

Combattre toutes les aliénations




Porteuse d’aspirations égalitaires et libertaires qui dépassent la seule lutte des classes, l’émancipation de chaque individu n’est pas, pour nous, une perspective secondaire. Loin de les opposer, nous affirmons que la lutte pour la liberté individuelle ne peut avancer sans le concours des luttes collectives.

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Pour justifier, ou simplement masquer la domination et les mécanismes matériels qui la mettent en œuvre, les classes et groupes sociaux dominants entretiennent des idéologies qui, combinées, forment l’idéologie dominante.

Celle-ci, relayée à tous les niveaux de la société, conduit une partie importante du prolétariat, et des groupes sociaux dominés à soutenir un ordre social contraire à leurs intérêts.

Au travail, où l’individu est parcellisé, dominé et réduit au statut de marchandise. Dans la vie quotidienne, où le mode de consommation est déterminé par la logique des profits, les diktats des standards de beauté et des besoins artificiels générés par des techniques marketing. Si le capitalisme soutient, tout en les renouvelant, des aliénations multimillénaires, il est lui-même porteur d’aliénations spécifiques.

Le capitalisme n’a pas engendré toutes les aliénations qui constituent cette idéologie dominante, mais elles servent à cimenter sa domination, et à justifier l’ordre établi en distillant les haines et les divisions dans la population.

Soumettre les religions à une critique radicale

À ce titre, les religions comptent parmi les principaux vecteurs des aliénations : par la vision du monde qu’elles proposent, par les formes hiérarchisées qu’elles se sont données, par leur prétention à enserrer la vie de chacune et de chacun, jusque dans sa plus stricte intimité, dans un réseau de dogmes, de tabous et de règles imposées (droit à l’avortement, sexualité, le mariage comme norme, patriarcat, etc.)

Nous ne combattons pas les croyantes et les croyants, mais les dogmes : nous sommes pour la liberté de culte, respectant le choix de chacune et chacun. Nous dénonçons les persécutions et les interdictions à l’égard des croyantes et croyants. Mais l’UCL est une organisation athée, et nous défendons un projet de société libéré de l’aliénation religieuse.

En effet, nous refusons toute emprise des religions sur la société et nous voulons les soumettre à une critique radicale, parce qu’elles servent à jus­tifier un ordre social inégalitaire. Nous combattons les discours qui entendent mettre à l’abri de la critique des pans entiers de la réalité sociale au nom du « sacré » ou du « divin ».

Contrairement à ce qu’elles prétendent, les religions ne sont pas coupées de la société, elles ont une place dans l’espace politique et peuvent servir d’appui aux idéologies d’extrême droite.

Contre les alibis essentialistes

Nous remettons en cause les ­normes genrées, sociales, hiérarchiques imposées tout au long de la vie au nom d’une prétendue « nature » ou sous le couvert d’un scientisme qui justifie les inégalités sociales et enferme chaque être dans des données biologiques, une hérédité ou un ADN censés déterminer son avenir et limiter son ­libre-arbitre.

Pour une éducation émancipatrice

Nous affirmons que le système éducatif prend une part considérable dans l’aliénation de l’individu en reproduisant l’ordre social établi et en le lui faisant accepter dès son plus jeune âge. Il est nécessaire de mettre en place une forme d’éducation émancipatrice pour dépasser collectivement ses aliénations. Pour autant, nous sommes conscientes que la seule action sur l’éducation ne saurait suffire à la construction de la société à laquelle nous aspirons.

Fidèles à notre courant politique qui, dès son origine, s’est saisi de la problématique éducative, nous défendons des valeurs et des pratiques pédagogiques fondées sur le rationalisme, la coopération, la créativité, le respect de la spéci­ficité de chacune et de chacun pour forger des individus libres et res­ponsables, en capacité de comprendre et d’agir sur le monde qui les entoure.

Nous accordons éga­lement une place par­ticulière à la conscientisation contre les discriminations racistes, sexistes et sociales parce qu’elle vise à donner un pouvoir d’agir contre elles. Les libertaires prônent une éducation qui vise à développer, sans les hiérarchiser, les capacités physiques, intellectuelles et artistiques. Une éducation accessible tout au long de la vie qui émancipe de la soumission à l’autorité, à la compétition, et permette de réaliser une société solidaire et égalitaire.

Pour y parvenir les moyens sont aussi importants que les fins, c’est pourquoi nous faisons nôtres les pratiques des pédagogies anti-autoritaires et de l’éducation populaire.

Contre le validisme

La société capitaliste est une société éminemment validiste. Le validisme est une oppression qui touche les personnes en situation de handicap (physique ou psychique, visible ou invisible). Le capitalisme encourage et soutient des structures validistes, dans la mesure où il valide les individus en fonction des capacités qui les rendent productifs ou exploitables dans la sphère du salariat. Les personnes qui ne correspondent pas à ces normes sont proprement invalidées, et ainsi exclues, marginalisées ou minorisées.

Le validisme est également cristallisé dans les infrastructures urbaines, qui ne sont, le plus souvent, adaptées qu’à un individu valide type (un individu qui n’est pas en fauteuil, par exemple). Les personnes en situation de handicap seront généralement plus touchées par la précarité et la dépendance, dans la mesure où elles ont plus difficilement accès à la sphère du travail. Dans un système qui fait de la valeur-travail un principe d’intégration et de valorisation, elles sont également déconsidérées, tant symboliquement que socialement.

Ni préjugés, ni entraves

Nous sommes partisans et partisanes d’une lutte globale qui prenne à partie toutes les formes d’aliénation et d’oppression, et qui se donne pour finalité le respect absolu de chacune et de chacun, que toutes et tous puissent vivre, aimer, travailler, créer, s’exprimer librement, sans barrière de couleur de peau, de confession, de sexe, de nationalité, d’âge ou de mode de vie, que toutes et tous puissent trouver une place dans la société humaine, s’y épanouir et disposer de moyens d’existence satisfaisants.

Nous sommes donc pour que ­s’épaulent la lutte de classe et les diverses luttes contre les aliénations. La destruction de l’ordre capitaliste, de la domination patriarcale et de la domination raciste, la construction de nouveaux rapports sociaux égalitaires et libertaires, apporteront les bases nécessaires – même si elles ne sont pas à elles seules suffisantes – à une ère d’émancipation. Nous ne prônons pourtant pas un indivi­dualisme radical, la liberté des uns ne doit pas devenir le prétexte à l’oppression des autres.

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