Depuis la rentrée, de nombreuses travailleuses entrent en lutte




Depuis le mois de septembre, des luttes éclatent dans les boîtes, un peu partout dans le pays. Salaires, conditions de travail, temps de travail, mépris des encadrants... il y a beaucoup de raisons de se battre. En particulier, dans de nombreux secteurs très féminisés, les luttes naissent et parfois se radicalisent.

Des images de femmes qui se battent : c’est la vision enthousiasmante que nous offre cette rentrée ! En particulier, les héroïnes de la pandémie, celles qu’on applaudit aux fenêtres et qui sont pourtant maltraitées au quotidien au boulot, relèvent la tête !

Le secteur du soin en première ligne des batailles

Les aides à domicile sont essentielles à notre société. Totalement invisibilisées et isolées, des conflits contre leurs salaires trop bas et leurs conditions de travail trop difficiles éclatent en plusieurs endroits. Le 23 septembre, une grève nationale a eu lieu dans le secteur.

Dans plusieurs EHPAD également, la colère monte. C’est ainsi que dans l’établissement Alice Guy de la Fondation Cos Alexandre Glasberg, les salariées se sont mises en grève en septembre et en octobre. Jusqu’à présent méprisées et sous-payées, elles refusent le chantage lié à la pandémie. Elles ont travaillé sans protection pendant la crise, acceptant tout sous prétexte de situation difficile. Maintenant elles disent : ça suffit ! Des situations similaires existent dans les EHPAD publics et privés : ces travailleuses discrètes deviennent visibles grâce à leur grève.
Les sages-femmes aussi se mobilisent. Elles ont réalisé une journée de grève massive le 7 octobre pour leurs salaires et leurs conditions de travail.

Elargissement et radicalisation

Quand elles sont larges et déterminées, ces mobilisations peuvent être payantes. Les salariées de la société Arc-en-Ciel, personnels de ménage de l’Université de Jussieu, en ont fait la preuve. Elles ont fait grève toutes ensemble, pendant plus d’une semaine, et le patron a lâché. C’est parce que leur collectif était fort.
L’élargissement de la grève des AESH (Accompagnantes des élèves en situation de handicap) de l’Education nationale est un exemple. Cette mobilisation, construite largement, en intersyndicale, est en train d’instaurer un réel rapport de force avec le Ministère de l’Education nationale. Car on n’obtiendra rien en le demandant gentiment. C’est bien par les luttes les plus larges possibles, décidées et menées par les travailleuses elles-mêmes, que l’on obtiendra des avancées !

Laver, garder, soigner, accompagner... il n’y a pas de hasard si ce sont des travailleuses qui effectuent ces tâches. Nous analysons que si les femmes sont assignées à ces activités par le capitalisme patriarcal, c’est sous le prétexte de pseudo « qualités naturelles ». Ces qualités sont attribuées par des préjugés sexistes. L’objectif de cette division : soumettre les femmes et organiser le chantage sur les salaires. Les mauvaises payes et les temps partiels sont les traces de cette hiérarchisation sexiste.

Une histoire riche de lutte de femmes

Evidemment, les grèves de femmes ne sont pas nouvelles ! Par exemple, au début du XXe siècle, les sardinières de Douarnenez ont lancé plusieurs grès contre la pénibilité de leur travail et pour des augmentations de salaires. Plus proche de nous, les travailleuses de l’entreprise LIP de fabrication de montres ont fait des grèves dures contre la fermeture de leur usine dans les années 70. Elles ont même repris l’usine en autogestion, avec ce slogan resté célèbre : "On fabrique, on vend, on se paie".
Ces dernières années, les grèves de femmes de chambre des hôtels ont été particulièrement visibles. En ce moment, ce sont celles de l’hôtel de Disneyland qui sont en lutte pour l’amélioration de leurs conditions de travail.
Les grévistes de l’usine Bergams (91) sont à 80% des femmes et luttent pour l’annulation d’un accord de compétitivité passé pendant la crise du COVID et réduisant drastiquement leurs salaires tout en augmentant leur temps de travail. Les grévistes de la plateforme logistique d’H&M du Bourget (93), qui luttent contre la fermeture de leur entrepôt, sont majoritairement des femmes également.

Organiser les secteurs féminisés et précarisés

Pour pouvoir construire ces luttes larges et déterminées, il faut des organisations solides aux mains des travailleuses. C’est pourquoi les syndicats doivent mettre les moyens dans la syndicalisation des secteurs féminisés. Pour que les femmes se sentent à leur place dans le syndicat, que le syndicat soit l’outil des femmes pour leurs luttes.

Mais aussi parce que les inégalités économiques entre les femmes et les hommes aggravent les violences que subissent les femmes. La surexploitation que vivent les femmes au travail, qui les conduit à obtenir des salaires plus faibles, souvent à temps partiel, a aussi pour conséquence de les rendre plus dépendantes d’un éventuel conjoint.

Les luttes des femmes au travail sont un véritable enjeu féministe. Elles permettent aux travailleuses de prendre conscience de leur force quand elles agissent ensemble et d’accroître leur pouvoir populaire. Elles permettent d’obtenir de meilleurs salaires, des temps-plein, de meilleures conditions de travail.
Elles sont un enjeu majeur pour le syndicalisme révolutionnaire : la syndicalisation massive des femmes est cruciale pour la mise en marche de toutes et tous les exploitées.

Union communiste libertaire, le 1 novembre 2021.

 
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