Diego Garcia : Habitantes et habitants déportés, territoire occupé




Diego Garcia, île de l’archipel Chagos dans l’océan Indien. Vous avez peut-être croisé ce nom dans l’actualité récente ; c’est en effet de là que partaient bon nombre de B52 américains bombarder le peuple irakien. Les habitantes et habitants des Chagos ont eux aussi fait les frais de la politique criminelle des États-Unis et de son fidèle allié britannique.

 

De minuscules îles, des atolls situés en plein océan Indien, à mi-chemin entre l’Afrique et l’Extrême-Orient, la route des épices du XVIIIe siècle, possédés par le Royaume-Uni. Les 64 îles des Chagos n’ont jamais été détruites par le tourisme de luxe parce que les stratèges américains et britanniques en ont fait une plate-forme stratégique, un haut lieu de la mondialisation à la sauce du Pentagone. Un épisode tragique et méconnu qu’un récent numéro de Courrier International (17 février-5 mars 2003) mettait en lumière.

À l’époque de la Guerre froide, la Royal Navy britannique se sépare de ses bases militaires de Hongkong, Singapour et de l’Île de Gan (Maldives).

Dans le cadre d’une alliance déjà très étroite de la Grande-Bretagne avec les USA, il fut procédé à une réorganisation stratégique du système de défense, les Britanniques ayant cédé le leadership de la domination mondiale aux États-Unis. Les impérialistes doivent alors prendre la loupe afin de trouver un coin pouvant servir de plate-forme de guerre, en y aménageant des pistes pour bombardiers, ce fut Diego Garcia.

Les îles des Chagos sont jusqu’alors rattachées à l’Île Maurice dont l’accession à l’indépendance est prévue pour 1968. En 1965 la Grande-Bretagne détache l’archipel du territoire mauricien. À partir de 1966, Diego Garcia est loué aux États-Unis pour une période de 50 ans.

Il reste néanmoins un « problème » de taille à régler, les îles Chagos sont habitées et les États-Unis ne veulent pas avoir à gérer les éventuelles protestations que leur présence pourrait susciter dans un contexte international de décolonisation et de subversion communiste.

Le contrat de location précise donc que les îles Chagos doivent être « nettoyées et libérées de leurs habitants susceptibles de se laisser influencer par la propagande communiste et de soulever des problèmes politiques ». Après l’extermination des populations amérindiennes, la déportation des noirs africains pour l’esclavage, les intérêts de l’État américain commandent de sacrifier tout un peuple.

Les 2 000 habitant(e)s de l’archipel des Chagos sont ainsi déporté(e)s vers l’Île Maurice entre 1965 et 1971.

On leur présente cela avec un cynisme sans bornes comme des voyages d’agréments ou pour des raisons médicales.

Les quelques obstiné(e)s à vouloir rester sur place sont l’objet de pressions, privés des moyens de survie et de communication, des avions de guerre survolant à très basse altitude le toit de leurs habitations, puis finalement embarqué(e)s de force en 1971 sur le bateau Norvader alors que les premiers militaires US débarquent. Cette île de carte postale devient alors une base stratégique, avec deux pistes pour bombardiers, deux abris anti-atomiques encastrés dans les coraux, « protégés » par des frégates et des sous-marins postés dans les eaux du lagon.

En vain depuis 1966 les Chagossiens demandent leur retour. Leur représentant, Louis Olivier Bancoult, président du GRC (Groupe réfugiés Chagos), a poursuivi en justice le gouvernement britannique. Un avocat sud-africain Sidney Kendrige, champion des droits civiques, a fait reconnaître par la Haute-Cour de Londres l’illégalité de l’expulsion des habitants des Chagos.

 

Une étoile de plus sur le drapeau US ?

Actuellement, 4 000 personnes, civils et militaires américains, vivent sur Diego Garcia, trois groupes d’atolls sont inhabités, l’accès en étant interdit !

En principe, selon les termes du contrat, l’archipel devrait être évacué en 2016, la guerre contre l’Irak et une présence américaine quasi annexionniste au Moyen-Orient et dans le Golfe Persique font courir le risque d’une pérennisation de la situation désastreuse dans laquelle se trouvent les habitant(e)s des Chagos.

Les bombardements américains de l’Afghanistan et de l’Irak s’effectuaient à partir de l’île. Jusqu’à ce jour les USA n’ont jamais respecté la moindre convention même celle émanant de l’ONU. Ils traitent cette dernière de la même manière que Mussolini traitait la SDN lorsqu’il a envahi l’Éthiopie. Les États-Unis sont bel et bien implantés et pour longtemps à Diego Garcia.

Les Chagossien(ne)s déporté(e)s depuis 1966, ne sont ni britanniques ni mauriciens, le sordide contrat de 1966 en a fait des apatrides vivant misérablement dans les bidonvilles de Port-Louis, capitale de l’Île Maurice. 9 000 personnes - les déporté(e)s et leurs descendant(e)s - sont ainsi oubliées pendant que leur terre confisquée sert de tête de pont pour les opérations criminelles de l’impérialisme américain.

À Diego Garcia et en Irak aujourd’hui comme hier au Vietnam : US go home !

Ngoc (AL Paris-Sud)

 
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