Distribution : Solidaires prend pied dans le commerce




Au cours de ces dernières années, l’influence de SUD-Commerce et Services s’est considérablement renforcée dans le secteur commercial, où le taux de syndicalisation est habituellement faible.

Depuis le lancement d’un syndicat SUD à la Fnac en 1996 par des militants issus de la CFDT, l’Union syndicale Solidaires a connu un développement encourageant dans le commerce, que ce soit via la création de syndicats départementaux (Île-de-France, Rhône-Alpes, Toulouse…) et de plusieurs syndicats d’entreprises (Ed, McDo, Virgin…), un phénomène renforcé ces dernières années par l’arrivée d’équipes militantes conséquentes comme au BHV ou dans l’ex-syndicat national CFTC de l’hôtellerie-restauration.

Des dizaines de sections

À la faveur, d’une part, de la loi d’août 2008 sur la représentativité syndicale qui rend moins ardue la création de sections syndicales dans le privé et, d’autre part, d’une visibilité interprofessionnelle accrue, Solidaires poursuit son implantation dans ce secteur où le syndicalisme de lutte reste violemment combattu, en particulier dans la grande distribution.

L’exemple de SUD Commerces et Services Île-de-France illustre bien cette nouvelle période : une dizaine de sections syndicales ont fleuri, que ce soit dans un Monoprix parisien, un magasin Carrefour de l’Essonne, une épicerie de luxe, des SSII, dans l’assistance, chez un agent de voyage, un cabinet d’expertise pour les CHSCT et même dans le funéraire.

Ainsi, une section SUD a vu le jour chez Vélib’ en 2007 malgré l’hostilité de la direction, devenant la première organisation de l’entreprise et impulsant depuis plusieurs grèves pour l’amélioration des conditions de travail et l’augmentation des salaires ; la Mairie de Paris, qui a confié la gestion des vélos à Decaux, étant alors interpellée en tant que donneur d’ordre. Un SUD Sephora s’est crée en 2009, au grand dam de LVMH, propriétaire de cette marque, et est devenu rapidement représentatif après avoir recueilli 13 % des voix à l’élection du Comité d’entreprise. De même, une section a été créée chez Pizza Hut, dans les unités de livraison, à la suite du soutien apporté par le syndicat à une grève de plusieurs semaines consécutives, du fait que le patron a refusé de payer le droit de retrait des salariés victimes d’un braquage. Enfin, les déserts syndicaux ne sont pas épargnés : une représentante de section syndicale a été nommée dans une chaîne de boucheries qui, avec près de 200 salariés, « ignorait » le fait syndical… depuis près de 35 ans !

Des luttes intersyndicales

En près d’un an, le syndicat a ainsi quintuplé son nombre d’adhérents à travers la mise en place d’un fonctionnement renouvelé : embauche d’un permanent, tenue régulière d’assemblées générales et mise en place de permanences syndicales et juridiques qui ne désemplissent pas, loin s’en faut.

Ce poids nouveau a également permis de s’inscrire dans une démarche unitaire avec les syndicats départementaux du commerce des cinq confédérations toujours reconnues représentatives, et ce dans le cadre d’un Comité de liaison intersyndicale du commerce de Paris (CLIC-P). Ce comité lutte, en particulier, contre l’extension du travail du dimanche et l’ouverture sauvage de nombreuses supérettes ce jour-là dans la capitale. Une première assemblée générale inter-adhérents a eu lieu le 13 avril dernier à la Bourse du travail, regroupant 130 délégué-e-s de 25 enseignes différentes pour définir des revendications et une stratégie d’action avec, entre autre, un appel à la grève et à une manifestation le 30 juin prochain, premier jour des soldes.

La poursuite de la construction de Sud dans cette branche passera par le volontarisme des Solidaires locaux en la matière et la coordination des structures déjà existantes ; la venue d’adhérents qui, pour la plupart, rejoignent pour la première fois une organisation syndicale engendre des besoins nouveaux, tant en terme de suivi que de formation. Avec seulement 2 % des salarié-e-s syndiqué-e-s dans le commerce tous syndicats confondus, le champ est vaste !

Laurent D. (SUD-Commerce)

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