Droit au logement : acharnement contre les squats lyonnais

En cette fin d’année à Lyon, plusieurs squats, dont certains existant depuis des années, ont été expulsés à des dates proches, juste avant la trêve hivernale. Il y a toujours eu des expulsions de familles isolées, mais depuis cet automne elles s’enchaînent et visent des lieux de vie collectifs.Ces dernières années, on ne compte plus les squats évacués. Rien qu’en mai, deux squats ont été expulsés à Lyon (Squat Bonhomme et le Casse-Dalle). Avec l’arrivée de l’hiver, il est l’heure pour les autorités de cacher la misère, et de faire leur maximum pour empêcher le peu de répit que procure la trêve hivernale. C’est dans ce contexte que plusieurs lieux et personnes ont été expulsées en octobre.
Le plus connu est l’ECG, l’Espace Communal de la Guillotière, 1 000 m² de contre-culture depuis son ouverture en 2019, puis de son annexe en 2021. Le mercredi 2 octobre, son expulsion violente a eu lieu tandis que plusieurs personnes ont été embarquées par la police aux frontières, le lieu abritant une quarantaine de personnes exilées. L’ECG servait aussi à accueillir de nombreuses activités, allant de l’aide alimentaire aux cours du soir. Beaucoup de collectifs et d’associations utilisaient le lieu pour leur réunions, leur activités et évènements. L’ECG avait une place importante, voire indispensable, dans le milieu militant lyonnais. Colère et tristesse.
Le 14 octobre, deux semaines après la fin de l’ECG, un nouveau squat est ouvert au 24 rue Chevreul, dans un bâtiment vide depuis des dizaines d’années. Mais le bourgeois propriétaire n’a pas aimé qu’on touche à son bien et a tout fait pour remettre les personnes à la rue. Chose faite le 23 octobre, avec l’expulsion du squat à une semaine de la trêve hivernale, toujours de manière violente, toujours avec la complicité de la mairie et sans aucun soutien des élus locaux. Juste avant le squat Chevreul, le 22 octobre c’était au tour du squat Neyret de subir également une expulsion. Ouvert en mars 2023, Le squat avait permis depuis sa création de mettre 271 mineurs en recours à l’abri. Aucune solution de logement n’a été proposée.
Le résultat des politiques locales et nationales
Aussi horrible que soient ces expulsions, ce n’est au final une surprise pour personne. Au niveau local la métropole annonçait en juillet l’abandon de l’hébergement d’urgence – comptant également la mise à l’abri des mères isolées avec bébé – pour des raisons de coupes budgétaires. Au niveau national la lois Kasbarian – adoptée en juillet 2023 – permet d’expulser toujours plus, de réprimer encore plus sévèrement, triplant les sanctions financières et pénales, facilitant les expulsions, notamment grâce à la « clause de résiliation de plein droit » facilitant grandement la résiliation des bails pour les proprios.
Contre ces lois répressives, notons le travail des associations d’aide au logement, dont le Droit au logement (DAL) qui fait un énorme travail pour soutenir toutes ces luttes et apporter une aide, notamment juridique.
Dans la nuit du 2 au 3 décembre, c’est un drame qui s’est produit au squat Denuzière à Caluire. Un incendie s’est déclenché, tuant une personne et en blessant gravement plusieurs autres. Se retrouvant à la rue en plein hiver, les sinistrées qui s’étaient rassemblés pour protester devant la préfecture ont été nassées (et certains embarqué par la PAF !), puis ne se sont vu proposer qu’une seule nuit d’hébergement en gymnase par la mairie, avant d’être renvoyées à la rue. Les politiques cherchent à faire porter la responsabilité du drame aux squatteurs et à leurs soutiens, mais c’est bien l’État qui en est responsable, préférant défendre les intérêt des propriétaires plutôt que des permettre à toutes et tous de vivre dignement.
Solidarité entière aux expulsées de Lyon et du monde entier !
Tommy (Lyon)





