Droit des femmes : L’IVG s’invite à la manif




Le 17 octobre, une manifestation en faveur des droits des femmes se déroulait à Paris. La défense de l’IVG a été au centre des revendications, ce d’autant que ce droit élémentaire est aujourd’hui sévèrement menacé.

La manifestation pour la défense des droits des femmes, organisée à l’appel du Collectif national pour les droits des femmes (CNDF) et de Femmes solidaires, soutenue par plus de cent associations et organisations syndicales ou politiques, a rassemblé plusieurs milliers de personnes et pas mal fait parler d’elle dans les médias. Dans la manifestation ainsi que dans les articles de presse qui l’ont annoncée ou en ont rendu compte, c’est la défense de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) qui a été mise particulièrement en avant, à côté de la crise économique, des jardins d’éveil, des discriminations et des violences. En effet, depuis le début de cette mobilisation, la situation de l’avortement en France s’est nettement détériorée et la manifestation tombait à point nommé pour dénoncer les nombreuses fermetures de centres d’interruption volontaire de grossesse (CIVG).

Les CIVG dans la ligne de mire

À la suite de la loi « Hôpital, Santé, Patients, Territoires », la réforme des hôpitaux représente une véritable remise en cause du droit fondamental des femmes à disposer de leur corps. Alors qu’il manquait déjà des centres d’interruption volontaire de grossesse à l’intérieur des hôpitaux, et que les dispositifs d’accueil et de soins nécessaires à de bonnes conditions de prises en charge n’étaient déjà pas à la hauteur, les restructurations en cours dans le secteur hospitalier sont autant de nouveaux coups portés au droit à l’avortement.

Depuis le mois de mai, en Île-de-France, les centres d’interruption volontaire de grossesse des hôpitaux Broussais (Paris XIVe), Jean Rostand (Ivry-sur-Seine), Tenon (Paris XXe) ont été fermés par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui les a prétendument fusionnés avec des centres déjà existants, réduisant en réalité les possibilités d’avortement des femmes et augmentant le temps d’attente moyen pour une IVG à trois semaines – alors que la Haute Autorité de santé recommande une prise en charge sous cinq jours.

Lutter toujours

Comme à Paris, d’autres centres sont également en danger à Lyon, Nantes, ou encore Bordeaux et les militantes et les militants se mobilisent pour leur maintien et la garantie de l’accès à ce droit en principe acquis, mais jamais totalement appliqué, et constamment remis en cause.

Jugés insuffisamment rentables, les centres d’interruption volontaire de grossesse sont regroupés, et donc moins nombreux dans les villes. Ils ne bénéficient pas pour autant de plus de moyens et de personnels pour accueillir les femmes. Leur fermeture est une illustration parfaite de la casse des moyens du service public de la santé. Soumises à des critères de rentabilité financière, ces structures, généralement associées aux maternités, sont les premières visées par la logique de démantèlement de l’hôpital public.

Dans un contexte où il reste, en France, de nombreux combats à mener pour le remboursement de toutes les pilules contraceptives ou la mise en place d’une véritable éducation à la sexualité, la fermeture des centres d’interruption volontaire de grossesse apparaît comme une véritable régression pour les droits des femmes. Alors que le gouvernement irlandais a tenté, en mars, de durcir une loi anti-avortement déjà considérée comme l’une des plus restrictives d’Europe, la démonstration de force en Espagne inquiète : plus d’un million de militants « pro vida » défilaient en effet ce même samedi à Madrid, afin de dénoncer la dépénalisation partielle de l’avortement. Plus que jamais, il nous faut nous mobiliser pour la défense et le développement de ce droit fondamental des femmes.

Charline (AL Paris Nord-Est) et Emilie B. (AL Saint-Denis)

 
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