EPR de Flamanville : Le nucléaire fait exploser les prix




Le coût de la centrale de Flamanville ne cesse d’augmenter. Mais le calcul des coûts réels devrait également prendre en compte de nombreux paramètres supplémentaires toujours passés sous silence par les autorités.

Alors que le gouvernement socialiste, soutenu par Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV), est bien timide en matière de sortie du nucléaire, l’hypocrisie de cette position ne cesse de se faire plus évidente. Après la dangerosité de cette source d’énergie, rappelée par les évènements tragiques de Fukushima, c’est son absurdité économique qui nous est rappelée par les nouvelles estimations du coût de l’EPR de Flamanville passé de 3,3 milliards d’euros en 2005 à 8,5 milliards d’euros actuellement. Cette inflation, due entre autres à des défauts techniques et à la mauvaise conception de certains procédés, notamment de sécurité informatique, en dit long sur le sérieux avec lequel l’État entament ce genre de projet.

Colloghan

Des coûts éternellement sous-estimés

Cette sous-estimation des coûts est chronique. Mise en œuvre par ses promoteurs, elle retombe au final sur les contribuables tout en enrichissant les industriels. Et elle masque les vrais coûts, bien supérieurs aux estimations actuelles : réparation et démantèlement des centrales, stockage et traitement des déchets, traitement d’un accident grave. L’expérience de Brennilis, l’une des première centrale démantelée en France, est révélatrice : le coût du démantèlement, estimé à 19,4 millions d’euros en 1979, a été ré-estimé en 2005 par la Cour des comptes à 482 millions d’euros ! Aujourd’hui, EDF n’a qu’à peine plus de 10 milliards d’euros provisionnés pour financer le démantèlement du parc français, alors que Marc Goua, rapporteur spécial devant l’Assemblée nationale, rappelait en 2011 que ce coût pourrait atteindre les 750 milliards d’euros. Quant aux 1 000 milliards d’euros que pourrait coûter un accident grave selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, n’y pensons surtout pas, sinon Areva devrait mettre la clef sous la porte.

Avec les 3,3 milliards d’euros, que devait coûter l’EPR à l’origine, le Réseau sortir du nucléaire (RSN) estime qu’on aurait pu produire le double d’énergie à partir de sources renouvelables et locales et créer ainsi 10 000 emplois, dans une industrie beaucoup moins risquée. Imaginons ce qu’on pourrait faire avec les 8,3 milliards d’euros que coûte désormais ce projet. Et avec tous ces autres milliards que l’industrie nucléaire coûtera en plus si elle reste un « secteur d’avenir ». Pour s’opposer à leurs mensonges technicistes, le mouvement antinucléaire doit rester vigoureux et exigeant.

Arrêt immédiat du nucléaire

Une fédération antinucléaire s’est créée en Bretagne pour dépasser le manque d’ambition de RSN et rassemble entre autres des militantes et des militants de Stop nucléaire 56, de RSN Cornouailles, de la Fédération anarchiste et d’Alternative libertaire revendiquant l’arrêt immédiat des centrales. De même, des résistants du Chefresne ou de Saint-Martin-d’Aubigny bloquent la construction de la ligne THT (Très haute tension) prévue entre Flamanville et Rennes. Ce combat, moins couvert médiatiquement quecelui de Notre-Dame-des-Landes, se fait pourtant dans des conditions de (ré)pressions politiques et policières similaires. Il faut travailler à la convergence des luttes écologiques du moment, rejeter toutes les énergies polluantes et le monde qui va avec pour proposer un modèle alternatif de société et obtenir enfin l’arrêt immédiat du nucléaire.

Jocelyn (commission Écologie)

 
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