Éducation : Contre le plan social du gouvernement




Luc Ferry a annoncé la suppression de 5 600 postes de maîtres d’internat et surveillants d’externat (MI-SE) et de 20 000 postes d’emplois-jeunes, aides-éducateurs (AE) dans l’Éducation nationale. Les emplois de MI-SE sont occupés par des étudiantes et étudiants qui n’ont pas d’autres moyens de financer leurs études. Pour les remplacer, Ferry met en place le statut « d’assistants d’éducations » qui va progressivement faire disparaître celui d’étudiant-surveillant. Puisque le gouvernement Raffarin a décidé de faire des économies sur le dos de l’Éducation nationale, le ministre annonce qu’il créera à la rentrée 2003, 16.000 postes d’assistants d’éducation.

Après la suppression des 25 600 postes, le compte n’y est pas. Ils seront donc moins nombreux et recrutés au niveau local, par les chefs d’établissements, sans prise en compte des critères sociaux, sans priorité pour les étudiante et les étudiants. Il est déjà prévu que les assistants d’éducation soient embauchés au maximum pour trois ans (contre sept actuellement) avec des horaires annualisés, payés au SMIC sur 39 semaines (contre 36 actuellement). Ces assistants d’éducation travailleront plus, pour un salaire plus bas. C’est une précarisation galopante qui touche tous les personnels de l’éducation.

Des collectifs de lutte se sont constitués sous contrôle d’assemblées générales dans différentes académies et organisent des grèves reconductibles depuis 6 semaines pour les académies de Rennes, Nantes, Ajaccio, Toulouse ou depuis début décembre pour les villes de Lyon, Caen, Tours, Blois...

Une coordination nationale s’est tenue le week-end du 11 et 12 janvier à Nantes et réclame le retrait définitif du projet des « assistants d’éducation », le maintien du statut d’étudiant-surveillant dans le cadre de la fonction publique d’État, ainsi que la création de postes de MI-SE à la hauteur des besoins (c’est-à-dire au minimum 20 000 postes).

En ce qui concerne les emplois-jeunes, la coordination nationale revendique :
 pas un emploi-jeune et aide-éducateur au chômage en 2003 ;
 la titularisation de ceux qui le souhaitent, et leur intégration dans un corps de la fonction publique, quel qu’il soit, sans condition ni de concours ni de nationalité ;
 la validation des acquis professionnels et une formation qualifiante et/ou diplômante sur un poste au choix du salarié.

Au vu des réformes en cours, il est clair qu’il sera encore plus difficile pour les étudiant(e)s de milieux modestes de poursuivre leurs études (on peut être sûrs que ce projet ne fera qu’accroître la sélection sociale à l’université). C’est un cadeau de plus que font Olivier Darcos et Luc Ferry au Medef. En effet, la suppression de ces emplois, considérés avant tout par les étudiantes et les étudiants comme une aide sociale, va pousser tous les jeunes bacheliers ne pouvant financer leurs études dans les bras des Mc Do et autres Pizza Hut..

La droite continue la politique de casse du service public d’éducation qu’avaient déjà bien entamé Allègre et Lang. Après avoir criminalisé la jeunesse, on lui porte le coup de grâce en la précarisant un peu plus encore. Dès maintenant il faut construire la lutte partout où elle est possible, constituer ou rejoindre des assemblées générales dans les établissements, pousser l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale à la grève générale. C’est plus que jamais nécessaire.

Julien (AL Tours), le 20-01-2003


<titre|titre=Paris s'éveille>

Le vendredi 17 janvier, dans le cadre de la journée de grève (appelée par les fédérations syndicales dites « représentatives » et surtout par la coordination nationale des surveillants et emplois-jeunes en lutte), une assemblée générale (AG) regroupant essentiellement des personnels grévistes de l’Éducation nationale, aides-éducateurs et surveillants, mais aussi CPE et profs, a voté à une majorité écrasante (15 abstentions, aucun contre) un mot d’ordre de grève reconductible pour tous les personnels de l’Éducation nationale et les emplois jeunes de tout secteur dès lundi 20 janvier.

Cette AG qui a regroupé entre 200 et 250 personnes a également validé le cahier revendicatif de la coordination nationale des MI-SE et emplois jeunes en lutte.

Entre autres, elle réclame le retrait du projet de création de postes d’assistants d’éducation (surveillants sans statut), le recrutement de surveillants pour revenir au taux d’encadrement de 1970, la titularisation sans condition de concours et de nationalité de tous les emplois-jeunes qui le souhaitent, l’arrêt des dispositifs précaires.

Nombre de participant(e)s étaient déjà en grève reconductible ou se préparaient à y entrer dès le début de la semaine. Les délégations venaient des différents départements d’Île-de-France (77, 93, XVIIe, Xe, XXe arrondissement...).

L’attitude des syndicats majoritaires (SNES et FO) reste ambiguë, hésitant à soutenir un mouvement basé sur un fonctionnement démocratique en AG, bien loin des préoccupations des bureaucrates.

Reste que le mouvement s’étend enfin à la région parisienne rejoignant ainsi les 17 académies déjà touchées par des mouvements de grève. Ce mouvement de jeunesse (le plus important depuis 1995) représente un espoir sans précédent pour la reconstruction d’une culture de lutte collective seule à même d’imposer aux gouvernements et au patronat un autre futur pour la jeunesse populaire. Un avenir aujourd’hui limité aux contrats précaires ou à la case prison.

Alors, luttons !

Théo Rival, le 20-01-2003

 
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