Espagne : Une loi pour mettre la résistance à genoux




Le mouvement social et syndical ibérique est victime d’une vague répressive qui fait planer le spectre des heures sombres du franquisme. En Espagne, mais aussi en France via Solidaires, la résistance s’organise.

Face à la vague répressive portée par l’État espagnol, un Réseau solidaire anti-répression a été mis sur pied à ­l’initiative de plusieurs syndicats de lutte de classe de la péninsule - CGT, LAB [1], CUT
 [2], Solidaridad Obrera [3], Confédéracion Intersindical [4], ASSI [5]. Une tournée de meetings et réunions publiques dans plusieurs villes a eu lieu avec pour point d’orgue une journée d’action nationale le samedi 24 novembre 2014.

Le guide antirépression présentant cette tournée précise l’ampleur de la frénésie répressive : « Il y a des dizaines de milliers de personnes avec des amendes à payer, plus de mille personnes encore poursuivies et des centaines avec des menaces de prison ferme. »

Contre la « Loi du bâillon »

La majeure partie des personnes inquiété-e-s par la justice le sont pour participation active à des faits de grève datant de l’année 2012 : grève des mineurs asturiens lors de l’été ou différentes journées de grève générale en 2012, mais aussi actions anti-expulsions de logements dans le cadre du mouvement Stop desahucios (Stop aux expulsions). Le simple fait de participer en tant que soutien à un piquet de grève devient aussi un délit et des personnes sont poursuivies pour ce motif.

Mi-décembre : une loi de sécurité citoyenne a été proposée par un député du Partido Popular au pouvoir. Cette loi dite Ley Mordaza Loi du bâillon ») par ses détracteurs et détractrices, sera débattue, cet hiver, au Parlement espagnol, les Cortès. Si elle est votée, l’arsenal répressif passera encore un cran au dessus. Elle prévoit des amendes de 30 000 euros pour refus de présenter les documents d’identité à la police, ou encore à ceux et celles manifestant en soutien pour s’opposer aux expulsions de domicile ou alors à toute personne qui prendrait et montrerait sur le web des vidéos de violences policières...

D’ores et déjà, l’Union syndicale Solidaires envisage une campagne nationale en France contre la répression et pour le rejet de la Ley Mordaza. À ce titre, elle envisage, dans le courant de l’hiver 2015, des rassemblements coordonnés devant les consulats d’Espagne de différentes villes de France. En effet, nombre de militants poursuivis par la justice sont membres d’organisations qui participent avec l’union Solidaires au Réseau européen des syndicats alternatifs et de base.

Jérémie Berthuin (AL Gard)

[1Syndicat lié à la gauche nationaliste basque.

[2La Centrale Unitaire des Travailleurs est basée essentiellement en Galice.

[3Solidarité Ouvrière (SO) est le troisième tronçon de l’anarcho-syndicalisme ibérique avec la CGT et la CNT-AIT.

[4Confédération Intersyndicale, née de différents syndicats de base dans la dernière période du Franquisme.

[5Association Syndicale et Sociale Internationaliste, groupe militant libertaire de Saragosse issu de rangs CGT.

 
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