Évian : Le G8 est aussi illégitime que le capitalisme




Le G8 fait partie de l’ensemble d’institutions internationales qui servent à maintenir l’ordre capitaliste sur toute la surface de la planète. Il est la face politique de ce que l’Organisation mondiale du commerce, la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international font dans le domaine économique.

Le G8 est un groupe informel créé en 1975. À l’origine, il s’agissait du G7, réunissant les pays « les plus industrialisés » : États-Unis, Canada, Japon, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie. Par « plus industrialisés », il faut comprendre les pays les plus impliqués dans la Seconde Guerre mondiale, ayant appuyé leur croissance économique et politique sur la guerre et le colonialisme, qu’il soit direct ou indirect, antérieur ou postérieur à 1939.

Par sa nature même, le G8 se base sur « la loi du plus fort ». L’objectif du G8 est de la légitimer, de la renforcer, et de la faire perdurer pour maintenir la domination de ces 8 pays sur le monde. La création du G8 s’appuie sur un postulat d’un cynisme total, mais consubstantiel au capitalisme : les riches ont des intérêts communs (même s’il peut leur arriver d’entrer en concurrence) qui doivent passer au-dessus de toute autre considération. La solidarité entre maîtres du monde doit effacer toute autre préoccupation, et ne connaître aucune faille pour supprimer toute remise en cause, aussi minime soit-elle, de leur domination politique, économique, militaire, et également de plus en plus culturelle.

Un parrain de plus dans le gang

Le G7 s’est transformé en G8 après la chute du Mur de Berlin avec l’arrivée de la Russie dans ce club très fermé. Cette évolution est la réaffirmation du principe fondamental du G8 : pérenniser la loi de la jungle capitaliste. La Russie a été intégrée au G8 pour 2 raisons :

 Elle disposait et dispose toujours d’un stock gigantesque d’armes de destruction massive. Ce stock est bien réel, ce n’est pas un mirage du désert irakien. De ce point de vue, la Russie n’est dépassée que par les États-Unis. Elle est en concurrence avec la Chine et Israël pour la médaille d’argent du maître-chanteur le plus psychopathe.
 Avec l’effondrement du capitalisme d’État soviétique, la Russie est entrée de plain-pied dans l’économie transnationalisée. Elle est ainsi devenue une actrice de la « mondialisation ». C’est par exemple une condition que ne remplit pas encore la Chine pour intégrer l’oligarchie des saigneurs du monde.

Le G8 est illégitime. Les pays du G8 représentent moins d’un sixième de la population mondiale. Huit personnes décident pour 6 milliards, sans être mandatées pour cela, sans contrôle par les populations concernées.

L’impact des oukases du G8 est rarement direct. Le G8 fixe les lignes générales et la stratégie d’ensemble qui seront mises en œuvre par les institutions internationales financières (Banque mondiale, Fonds monétaire international), commerciales (Organisation mondiale du commerce, Union européenne, Zone de libre-échange des Amériques…), politiques (Organisation des Nations Unies, Union européenne…) ou militaires (Organisation du traité de l’Atlantique Nord). Elles n’en sont pas moins lourdes de conséquence : délocalisations massives, pérennisation et accroissement de la dette des pays du Sud, destruction des services publics, blocages des traités sur l’environnement tirent leur inspiration et une partie de leur pseudo-légitimité dans les décisions du G8.

Oligarchique et ploutocratique

Le G8 est une oligarchie ploutocratique. Il bafoue tous les principes de la démocratie. Même en s’en tenant aux principes pourtant minimaux et contestables de la démocratie représentative bourgeoise, le G8 est une aberration. Il est actuellement composé entre autres :
 d’un putschiste qui a truqué les résultats électoraux pour prendre le pouvoir, doublé d’un criminel de guerre (Georges Bush) ;
 d’un homme politique impliqué dans un nombre incalculable d’affaires judiciaires, élu par chantage (Jacques Chirac) ;
 d’un mafieux allié à des fascistes (Silvio Berlusconi) ;
 d’un barbouze criminel de guerre qui organise des autodafés des livres qui lui déplaisent (Vladimir Poutine)…

Depuis 1999, un des buts des mobilisations contre les réunions des instances internationales est de les empêcher de se tenir ou de perturber fortement leur déroulement. Cela a été le cas à Seattle, Prague et Barcelone.

Nous savons que si le G8 cesse de se réunir au grand jour, cela n’abattra pas pour autant du jour au lendemain le capitalisme. Les saigneurs du monde disposent d’autres moyens de se coordonner. Mais cela mettrait un peu plus en lumière leur illégitimité totale. Ils ont besoin de passer pour légitimes, car cela facilite leur tâche de contrôle et d’exploitation des populations.

Alors continuons à nous mobiliser pour gêner chaque seconde de ces sommets !

Laurent Scapin (AL Paris-Est),
le 14-05-2003

 
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