Edito

Hésitations




L’image a tourné partout pendant des jours : Elon Musk, bras tendu à la tribune d’un meeting en marge de l’investiture de Donald Trump. Un salut nazi, en toute décontraction, devant les caméras du monde entier. Mais de nombreux médias et personnalités politiques ont tergiversé : est-ce bien un geste fasciste ?

L’angle du bras est-il le bon ? La vélocité du geste est-elle réglementaire ? Hésitations d’autant plus étonnantes que les mêmes faisaient preuve de bien moins de prudence dans d’autres contextes. Il y avait bien peu d’hésitation lorsqu’il s’agissait d’accuser d’antisémitisme tous les soutiens à la Palestine, ou de traiter les grévistes de preneurs d’otage. Mais confrontés à un authentique salut nazi, ils tergiversent.

Cette séquence illustre parfaitement la conception de la « liberté d’expression » de la droite et de l’extrême droite. On entend parfois parler d’une vision « maximaliste » de cette idée, qui serait celle des États-Unis et d’Elon Musk. Il faudrait préciser : maximaliste pour les bourgeois, les hommes, les blancs… Bref, les oppresseurs, qui devraient pouvoir tout dire, tout faire, même les choses les plus dégueulasses.

Mais c’est aussi une prise de température de la montée des idées fascistes : un salut nazi, apparemment, ça ne semble plus si choquant que ça. Un autre événement nous l’a rappelé dernièrement : la mort de Jean-Marie Le Pen. Là aussi les médias ont fait des contorsions pour éviter de dire que Le Pen était un raciste, un tortionnaire, un misogyne et un homophobe… En bref, une ordure fasciste. Le simple fait de bien nommer les choses finit par être un acte de résistance.

UCL, 26 janvier 2025

 
☰ Accès rapide
Retour en haut