Industrie de la chimie, Vencorex : l’alchimie de la lutte

À côté de Grenoble, une grève a eu lieu avec occupation sur la plateforme chimique Vencorex, car 95% de ses emplois sont menacés. L’UCL a été à la rencontre des salariées sur le piquet de grève.
Depuis le 23 octobre, les Vencorex sont en lutte. L’actionnaire de la société PTT Global Chemical (PTTGC) a arrêté d’injecter de l’argent, malgré les larges subventions qu’elle a pu recevoir de l’État. Après son placement en redressement judiciaire, une seule offre de reprise... et la conservation de seulement 25 des 464 salariées. Pourtant d’après Denis, le délégué syndical CGT, « si on y met de l’argent pour devenir concurrentiel, c’est faisable ».
Une fermeture impacterait au-delà de la seule industrie chimique de la région. « Que deviendra la municipalité, que deviendront les associations, les commerçants ? » s’inquiète le cégétiste. Plus de 5000 emplois seraient en jeu.
La décision de la grève illimité avec piquet et blocage de l’accès au site a été prise en Assemblée générale des salariées, syndiquées et non syndiquées, suite à la misérable offre de reprise.
Et le brasier crépite
La mobilisation, appuyée par le syndicat CGT, a été aussi générale. Construction du piquet de grève avec barnum, d’un espace de restauration et d’un brasier central. On y brûle palettes et pneus fournis par d’autres syndicats ou par les riverains solidaires.
La convivialité y a une place essentielle, avec l’installation d’un terrain de pétanque mais aussi d’animations diverses. Une véritable solidarité se noue, qui permet de créer une conscience de classe, mais aussi de vivre l’auto-organisation.
À l’inverse, la « concurrence étrangère » est le parfait alibi patronal. Cela nourrit parfois un discours protectionniste, voire raciste. Denis, lui, en a une analyse différente : « La concurrence, c’est notre patronat qui la fait. Le combat, il est pas contre un continent ou un autre, il est pas contre des salariés d’un autre pays. [...] c’est bien notre patronat qui vient diviser les salariés, chercher le coût le moins cher à droite, à gauche. ». Où comment le militantisme syndicale s’articule avec la lutte contre l’extrême droite.
Autogestion VS capital
Début novembre, la nationalisation, même temporaire, était dans les revendications. L’idée d’une reprise par les salariées existe bien, mais l’investissement initial paraît trop immense. Néanmoins les salariées n’ont pas envie de lâcher et sont conscientes d’avoir créé quelque chose de fort sur ce piquet de grève : « Si on redémarrait après avoir vécu ça, il y aurait une cohésion énorme entre les salariées » nous résume Séverine, élue CGT. Une expérience de l’autogestion plutôt réussie en somme.
Après une reprise partielle dans un atelier début décembre, c’est finalement le 24 décembre que la fin du conflit a été signée. 63 jours de grève ont permis d’obtenir un accord garantissant des protections aux salariées en cas de licenciement économique. Les Vancorex restent néanmoins mobilisées pour leurs emplois et continuent de porter la revendication de nationalisation auprès des instances concernées. À Arkema, autre entreprise de la chimie, une grève débute. Là aussi pour l’emploi.
Cette lutte, comme les autres, montre la nécessité pour les travailleurs et travailleuses d’avoir le contrôle de leur production et des investissements. C’est nous qui connaissons le mieux les besoins de nos usines.
Vencorex n’est pas menacé par manque de commande, mais par manque d’investissement, la seule tâche que les bourgeois ont à faire ! Investissements faisables grâce à la richesse produite par le travail. Cela montre encore une fois qu’une usine bien gérée est une usine autogérée.
Christophe et Olivier (UCL Grenoble)






