La PMA pour toutes : c’est reparti pour un tour  ?




L’annonce par le gouvernement de l’ouverture en 2018 de la PMA aux couples de deux femmes et aux femmes seules a déjà entrainé l’accaparement de l’espace médiatique par les réacs de la Manif pour tous.

Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, a annoncé le 12 septembre que le gouvernement ouvrirait en 2018 la PMA aux couples de deux femmes ainsi qu’aux femmes seules. Etendre ce droit au-delà du couple hétérosexuel était une promesse de campagne de Macron. On se souvient malheureusement qu’en 2012-2013, quand Hollande et son gouvernement avaient timidement ouvert le mariage à tous les couples, toutes les voix conservatrices et homophobes du pays s’étaient unies sous la bannière de la Manif pour tous, qui avait atteint une capacité certaine à peser dans le débat public. Déjà, le gouvernement avait promis la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de lesbiennes, mais avait reculé face au lobbying agressif de la Manif pour tous. Le débat avait ouvert une boîte de Pandore, et les homophobes s’étaient crus autorisés à déverser leur haine dans l’espace public. Comment aurait-il pu en être autrement ? Les débats avaient traîné en longueur, le gouvernement avait repoussé l’examen de la loi et multiplié les déclarations «  d’apaisement  » qui ne servaient en fait qu’à conforter les réactionnaires [1].

Ménager les conservateurs

Un scénario semblable se profile avec l’annonce de Schiappa. En effet, dès que l’information a commencé à tourner, la Manif pour tous et ses copains ont accaparé l’espace médiatique au son d’arguments tantôt homophobes, tantôt soi-disant protecteurs des femmes (en réalité paternalistes). La brèche est ouverte.

Macron considère que la manière dont ont été menés les débats sur le mariage pour tous est une des «  erreurs fondamentales  » du quinquennat précédent, et souhaite «  parler et partager les désaccords  » afin de ne pas «  humilier  » les opposants. Mais qui est humilié.e  ? Qui est agressé-e verbalement et physiquement dans la rue  ? Qui est viré.e de chez lui ou elle à l’adolescence car ses parents ont découvert son homosexualité  ? Qui est discriminé.e à l’embauche à cause de son orientation sexuelle  ? Les personnes lesbiennes, gays, bi. Quand il s’agit de casser le Code du travail, Macron veut légiférer rapidement mais quand c’est pour l’égalité des droits, le temps est plutôt à la lenteur et à la liberté d’expression pour toutes les haines et intolérances.

Nul doute que Macron souhaite s’octroyer les grâces des personnes lesbiennes, gays, bi, trans (LGBT) tout en ménageant les conservateurs. La Manif pour tous dit le tenir en horreur, ayant milité pour Fillon pendant la campagne présidentielle, mais ils savent qu’ils ont de puissants relais au sein du gouvernement. Des ministres sont proches de la Manif pour tous (Darmanin et Lemoyne par exemple).

Entraver les avancées sociales

Schiappa a déjà rétropédalé, annonçant que 2018 ne serait que l’année où un calendrier serait fixé, tandis que Collomb estime le sujet «  non prioritaire  ». La communauté a donc dû subir un nouveau flot d’injures de la part de la Manif pour tous pour… rien  ! Macron ne donnera aucun droit gratuitement, et cet épisode n’est qu’un avant-goût du rapport de force qui attend les militantes et militants LGBT. Comme toujours, c’est dans la rue que se gagneront de nouveaux droits !

Adèle, (AL Montreuil)

 
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