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Lire Lucy Parson : Je m’appelle révolution, écris et paroles d’une agitatrice




Voici un recueil d’une quarantaine d’articles et de textes de conférence de Lucy Parson (1853-1942), anarchiste états-unienne quelque peu oubliée, y compris par l’histoire des mouvements ouvriers, membre fondatrice des Industrial Workers of the World (IWW), vraisemblablement descendante d’esclaves, veuve d’Albert Parson, un des cinq martyrs du massacre de Haymarket.

Très pédagogue dans ses interventions, elle présente constamment les principes et intérêts de l’anarchisme, expliquant notamment pourquoi tout gouvernement, soucieux de se maintenir au pouvoir, ne sera jamais qu’au service d’une minorité au détriment du plus grand nombre dont les oppositions seront tues. Elle considère que « le changement à venir ne pourra se produire que par une révolution, car les classes possédantes ne laisseront pas la société se transformer de façon pacifique ». Aux sceptiques qui croient impossible de se passer d’une « autorité organisée », elle répond que « l’expérience a montré que l’être humain est un animal grégaire qui s’associe d’instinct à ses semblables pour coopérer, car il travaille mieux en groupe que seul. Cette tendance pourrait mener à la formation de communautés coopératives, dont les actuels syndicats sont les embryons ».

Elle dénonce « l’esclavage salarié » et le vote comme « la plus colossale […] de toutes des mystifications modernes », l’hypocrisie de « la civilisation chrétienne », le despotisme du gouvernement des États-Unis, qui se présentent sous les apparences d’une république et d’une démocratie, mais agit « contre la volonté du peuple, dans l’intérêt des gens qui la contrôlent ». Elle se montre aussi très soucieuse des questions féministes, mais à la différence d’Emma Garldman défend « l’exclusivité sexuelle ».

Ce copieux échantillon, savamment annoté par Francis Dupuis-Déri, donne un large aperçu de ses prises de position et contribuera certainement à sa (re)découverte.

Ernest London (UCL Le Puy-en-Velay)

  • Lucy Parson, Je m’appelle révolution, écris et paroles d’une agitatrice, Lux, septembre 2024, 288 pages, 20 euros.
 
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