Lire Stéphanie Lamy : La Terreur masculiniste

C’est un constat universel, partout où des femmes luttent, contre le sexisme et le patriarcat, partout où des femmes se battent, pour leur émancipation, partout où des femmes se lèvent, manifestent contre les viols, les crimes dont elles sont les victimes systémiques elles trouvent sur leur route des hommes qui, par la violence le plus souvent, leurs rappellent que le système de domination masculine n’est pas prêt à céder ses privilèges.
Sept ans après les débuts de la vague #MeToo, partout dans le monde de nombreux jeunes hommes « craignent pour leur statut de dominant et investissent des espaces de radicalisation ». Alors qu’il est à l’origine de plusieurs plusieurs tueries de masse et qu’il sévit sur les réseaux sociaux par du cyberharcélement et dans la sphère privée par des violences et des crimes, le masculinisme, bien que nommé, peine à être correctement identifié pour ce qu’il est. Stéphanie Lamy nous propose une définition du masculinisme qui n’omet pas de prendre en compte la légitimation de la violence comme principe fondateur. Le masculinisme est « un ensemble d’offres idéologiques identitaires, construites, diffusées et conduites au sein de divers milieux de radicalisation (on/off line), qui prônent la violence sous toutes ses formes, afin de maintenir, voir renforcer, la domination des hommes sur les femmes et les minorités de genre ».
Après avoir rappelé que la « guerre contre le terrorisme », instrumentalisée après le 11 septembre pour « renforcer les oppressions existantes en matière de genre, de race et de classe », empêche de qualifier comme terroriste les crimes de masse masculinistes, l’autrice dresse un panorama des différents groupes masculinistes, de leur écologie économique et de leurs soutiens. Sa visée est pragmatique, décrire pour comprendre, comprendre pour « connaître les cheminements de radicalisations et les facteurs de passage à l’acte pour combattre et éviter cette radicalisation ».
Mais combattre « l’extrémisme identitaire masculin » ne se fera pas sans la prise en compte des paroles et des perspectives des victimes, femmes et minorités de genre, pour qu’un jour on puisse enfin dire « Ni Una Menos » (pas une de moins).
David (UCL Savoies)
- Livre : Stéphanie Lamy La Terreur masculiniste, Éditions du Détour, 2024, 192 pages, 18,90 euros





