Lire : la collection America Libertaria




Demandez autour de vous ce qu’il en est de l’anarchisme en Amérique du Nord et du Sud. Les plus au courant pourront sans doute vous affranchir sur le zapatisme et les frères Magon, la Fédération ouvrière régionale argentine, l’affaire Sacco et Vanzetti, les IWW chiliens, la Foru uruguayenne ou encore l’influence de l’anarcho-syndicalisme à Cuba et sur la pensée d’Augusto Sandino. Mais vous chercherez sans doute longtemps des gens ayant entendu parler de l’anarchisme au Pérou, au Paraguay, en Équateur ou au Brésil.

Plus la peine de chercher : une nouvelle collection s’est lancée en octobre 2013 en se donnant précisément cette mission de révéler au public francophone une histoire en grande partie inconnue . Cette collection, c’est America Libertaria, une copublication entre les récentes éditions Nada et Noir & Rouge (ainsi que les Éditions Libertaires pour le premier volume) dont l’opus un a un nom évocateur : Viva la Social !
La période de temps brossée par les différents auteurs s’étale de 1860 à 1930 et a le grand mérite d’évoquer des mouvements syndicaux libertaires en Argentine, en Équateur, au Pérou et au Paraguay. Certes, dans ces trois derniers pays, les organisations syndicales libertaires ne furent jamais aussi puissantes que la Fora argentine (qui a compté plusieurs centaines de milliers d’adhérents) mais plusieurs dizaines de milliers de personnes s’y sont organisées pour mener des batailles impressionnantes de virulence face à un patronat postcolonial qui ne fait pas vraiment dans la « concertation ».

À noter également dans ce premier volume, un article sur le mouvement anarchaféministe argentin nommé Ni Dieu, ni patron, ni mari ! (écrit par Marie-Hélène Finet) qui s’attache entre autres, à la personnalité attachante de Virginia Bolten, la Louise Michel outre-Atlantique.

Le deuxième volume de cette collection – Amérique(s) Anarchiste(s) – a paru lors du dernier trimestre 2014 et constitue les actes d’un colloque qui s’est tenu en octobre 2013 à l’université de Montpellier-III. Moins ancré dans l’action syndicale et ouvrière, les papiers qui composent ce volume sont plutôt axés sur la dimension culturelle (au sens large) de l’anarchisme nord-américain et latino-américain –il est d’ailleurs sous-titré Expressions libertaires du XIXe au XXIe siècle. Sur quatre parties, les trois premières sont consacrées à la presse, à l’éducation et à l’art libertaire aux États-Unis, au Mexique, au Brésil, au Pérou et en Argentine (encore). La quatrième et dernière partie s’intéresse à notre nouveau millénaire et fait un détour par la Commune de Oaxaca, les rues de Bogota et, assez bizarrement, conclut cet impressionnant volume (deux fois plus gros que le précédent) par un article autour de la musique du milieu nationaliste-anarchiste étasunien dont on a du mal à comprendre en quoi il se rapproche du mouvement libertaire…
Pour autant, il s’agit là encore d’une mine d’informations (de près de 750 pages sur les deux volumes !) pour celles et ceux qui souhaitent appréhender (un peu) la large, polymorphe, féconde et transversale – car abordant tous les domaines qui font la vie – histoire libertaire du continent américain.

Guillaume (Toulouse)

 
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