Politique

Mpox : Le capitalisme, terreau fertile aux épidémies




L’OMS a déclenché le 14 août son niveau d’alerte maximal suite à une recrudescence de la Mpox, connue auparavant comme la variole du singe. Une épidémie qui mérite de poser la question des conditions de son émergence et de son évolution.

Le 14 août, c’est par la voix de son directeur général que l’OMS a annoncé enclencher son plus haut niveau d’alerte internationale, suite à la découverte d’un nouveau clade (variant) de la Mpox en République démocratique du Congo (RDC). La situation géographique du pays, entouré de voisins disposant d’aéroports internationaux (Rwanda, Ouganda, Burundi...), fait craindre une diffusion mondiale du virus. Sans surprise, il aura fallu attendre qu’il menace de quitter le continent africain pour que les institutions internationales s’inquiètent sérieusement du sujet.

Des épidémies à répétition

L’épidémie a démarré dans le Kivu, région touchée par une situation de guerre civile complexe depuis plus de vingt ans. Le conflit, alimenté par les immenses richesses en matières premières de la région, crée des conditions particulièrement favorables à  l’émergence de ce type de situation. Les immenses camps de réfugiés sont propices à la propagation des maladies, avec un accès aux soins extrêmement difficile et limité. Les populations locales, en situation de grande pauvreté, sont souvent amenées à consommer des gibiers de fortune comme des petits rongeurs, facilitant la transmission zoonotique, c’est à dire par l’intermédiaire d’un animal. Enfin, le développement important de la prostitution dans la région crée les conditions d’une forte transmission entre humains : c’est vraisemblablement dans ces réseaux qu’a démarré l’épidémie actuelle. En 2019, la région avait déjà été touchée par une épidémie d’Ebola, facilitée par les mêmes facteurs.

Mais en dehors de ce contexte local, largement lié à la situation post-coloniale et à l’accaparement des ressources naturelles, se pose aussi la question de la prise en charge globale des questions de santé. En effet, l’OMS se cantonne à des gestions dans l’urgence, n’intervenant que quand ces situations menacent de dégénérer au point d’affecter les pays occidentaux.

Pas de vaccin malgré les demandes

Aucune politique de prévention et de soin sérieuse et conséquente n’est pensée en amont. Après l’épidémie de Mpox de 2022, plusieurs pays africains ont émis des demandes pour avoir accès aux vaccins disponibles en Occident. Mais faute d’aide internationale et à cause de la toute puissance des brevets, cela n’a pas été le cas. En l’absence de politiques de surveillance, de dépistage et de vaccination largement soutenues, il faut attendre des flambées épidémiques pour que des réponses internationales se mettent timidement en place.

Et même face au mur, l’organisation bégaie : à l’heure où nous écrivons ces lignes, le Centre africain de contrôle et de prévention (CACM) recense 22 000 cas et 622 morts, mais la RDC n’est toujours pas approvisionnée en vaccins, malgré la volonté des fabricants d’entamer les livraisons. La faute à des procédures bureaucratiques kafkaïennes au sein de l’OMS, qui bloque le processus d’approvisionnement, malgré avoir déclaré l’alerte il y a plus de deux semaines.

Les questions de santé ne peuvent pas être pensées en deçà d’une perspective mondiale, et ne peuvent se satisfaire de gestions court-termistes. Il est urgent de les extraire des fonctionnements capitalistes et de les inclure à nos idéaux internationalistes.

N.Bartosek (UCL Alsace)

Pour se renseigner sur la prévention et la vaccination contre la Mpox : Actupparis.org/prevention/mpox

 
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