OGM : Un rapport accablant écarté du débat




Une étude scientifique parue en septembre met en danger de nombreux intérêts économico-financiers en concluant à un fort caractère cancérigène non-seulement du pesticide le plus utilisé au monde ainsi que – et c’est une première – d’une plante OGM.

La scène médiatique est bien agitée depuis le 19 septembre dernier par la polémique suite à la publication des résultats de l’étude menée sur deux ans par Gilles-Éric Seralimi et son équipe. La particularité de cette étude est d’être la première à tester l’influence de la consommation de maïs OGM NK603 et de Roundup (le pesticide le plus utilisé sur la planète) sur l’ensemble de la vie d’une population de rats. On notera aussi le contexte de sa sortie, le débat sur l’autorisation ou non de la culture OGM en France n’étant pas encore tranché. Nous ne retranscrirons pas ici l’objet de la polémique d’autant plus que les médias et les multinationales menacées appliquent leur stratégie usuelle, soit la complexification des débats afin de cantonner les retombées de l’étude aux coulisses des institutions donnant plus l’image d’une querelle d’experts que celle d’une vraie question de société. Constatons plutôt ce qui est mis au grand jour.

Privatisation du vivant

Tout d’abord que les études précédentes autorisant la consommation des OGM en général ou l’utilisation d’intrants au sens large sont nettement insuffisantes car elles ne considèrent que quelques mois de vie des rats et non pas l’ensemble de leur vie (le développement de tumeurs et nodules cancérigènes nécessitant un minimum de temps). Ensuite, on remarquera la compromission généralisée des experts des institutions publiques, ceux-ci ayant des liens financiers importants avec les multinationales concernées, ou plus simplement la quasi-inexistence d’études indépendantes.

La priorité donnée aux profits par les politiciens au détriment de la santé semble justifier à leurs yeux de faire prendre un risque à l’ensemble de la population. Alors que l’on sait que l’agriculture intensive conduit à un développement massif de l’industrie pétro-chimique et que les OGM ne sont rien d’autre qu’une privatisation du vivant et un contrôle du droit de nous nourrir. Les bénéfices qu’en retirent les populations restent quant à eux à trouver alors que les impacts négatifs sont de plus en plus irréfutables. Cette question du risque – qui aurait le droit d’estimer qu’un risque pris par toute une population est acceptable ou non, plus particulièrement pour des intérêts privés ? – ne sera certainement pas mise sur la scène publique car elle remet en cause directement le caractère démocratique de la représentativité. Car écarter la population des questions politiques primordiales telles que la santé et la sécurité alimentaire revient à la considérer comme un être irresponsable.

Commission Ecologie d’AL

 
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