Portrait : Clément Méric et ses combats




Clément Méric était un militant exemplaire, dans ses positionnements politiques comme dans ses pratiques concrètes et quotidiennes. L’un de ses camarades de Solidaires-Étudiant-e-s dresse le portrait de ses engagements.

Le 5 juin dernier, notre camarade Clément Méric est mort, frappé en plein visage par des militants d’extrême droite. Sa mort nous affecte toutes et tous, et il nous faudra encore du temps pour dire tant de colère et d’affliction. Clément Méric était un camarade, avec toute la densité politique et affective que recouvre ce terme. Sa mort a résonné aux quatre coins du monde, où son nom a fleuri sur les murs à côté de la mention « Ni oubli, ni pardon ». Il partageait avec les militantes et les militants d’Alternative libertaire nombre de ses combats, que ce soit au sein de Solidaires ou de l’Action antifasciste Paris-Banlieue. C’est aussi pour cela que nous avons accepté d’écrire quelques mots dans ce journal.

Il ne transigeait pas

Il arrivait de « Brest la Rouge » où il avait fait ses premières armes dans les mouvements lycéens. Dans le milieu militant aseptisé de Sciences po Paris, qui ne brille ni par son ouverture sur l’extérieur ni par sa radicalité, Clément s’était tourné vers Solidaires Étudiant-e-s. Celui qui s’était présenté comme un militant CNT avait le syndicalisme révolutionnaire chevillé au corps. Il était convaincu, non seulement de la nécessité de la lutte, mais de la nécessité de l’auto-organisation à la base, et son discours tranchait avec la rhétorique préfabriquée des militants en carton et des apprentis bureaucrates qui arpentent les couloirs de cet établissement.

Clément avait une éthique libertaire, il tenait en horreur tous les corporatismes et tous les opportunismes. Il n’était pas là pour occuper le devant de la scène ou pour manipuler en coulisse. Clément était antifasciste. Veilleur infatigable, il ne transigeait pas. Ni avec l’extrême droite, ni avec ses idées, dans une école où l’entre-soi conduit parfois la gauche « propre sur elle » à tutoyer la droite la plus réactionnaire, avec complaisance et au nom du débat d’idées. Clément était, aussi, antispéciste : et c’est avec pédagogie qu’il défendait son point de vue sur l’antiproductivisme ou sur la cause animale, même lorsque nous nous montrions sceptiques, ironiques et pour tout dire, ignorants.
Au-delà de sa personnalité attachante, nous aimions Clément Méric car il n’était ni dogmatique, ni sectaire.

Ni dogmatique ni sectaire

Il admettait ses contradictions sans épargner celles des autres. Passionné par la musique jamaïcaine, et par la culture qui imprègne le militantisme antifasciste, il avait fait le tri entre la musique, les sapes et les combats politiques, se montrant toujours critique envers certaines postures virilistes ou inutilement agressives. C’était avec plaisir qu’il conviait ses ami-e-s dans son univers, lorsqu’il déballait ses vinyles de rocksteady ou de early soul pour les habitué-e-s du Saint-Sauveur à Ménilmontant.

Par ces quelques mots, nous souhaitions aussi remercier toutes les militantes et tous les militants qui ont témoigné leur solidarité en descendant dans la rue en la mémoire de Clément et contre l’extrême droite. Antifascisme, anticapitalisme, antispécisme, antiracisme, antisexisme… Clément n’était pour nous pas seulement un être abstrait sur lequel on applique ces mots. Il était un camarade et un ami dont la pratique militante se voulait concrète, permanente et toujours conséquente. La manière dont il militait, sa manière d’être avec ses camarades et ami-e-s se doivent d’être rappelées autant que ce pour quoi il militait.

Pierre, pour Solidaires Étudiant-e-s Sciences po

 
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