Pour réformer les retraites ? Redistribuer les richesses !




Ça y est, les grandes manœuvres autour de la privatisation des retraites ont commencé. On les attendait pour cet automne, mais la crise boursière et les dizaines de milliers de retraités spoliés en Suisse, aux États-Unis et en Grande-Bretagne avaient un temps rendu indéfendable l’idée de miser sa retraite en bourse. À présent, le chantier est lancé, depuis que le 6 janvier Jacques Chirac a présenté « ses vœux » aux « partenaires sociaux ».

Le gouvernement Raffarin ne veut pas commettre l’erreur de méthode qui avait déstabilisé Juppé en décembre 1995. Donc on ne va pas « décréter », on va d’abord « écouter ». On va écouter le patronat, bien sûr, qui trépigne déjà d’impatience à l’idée de mettre la main sur le magot. On va écouter les syndicats jaunes aussi (CFDT, CFTC, CGC, UNSA), qui se querellent à qui servira le mieux la soupe à la droite. Mais entendra-t-on les syndicats contestataires ? FO, qui avec Marc Blondel parle beaucoup mais agit peu ? La CGT, qui est empêtrée dans ses contradictions avec l’affaire EDF-GDF (voir encadré) ? Solidaires (rassemblant entreautres, les SUD), soigneusement isolé par les autres syndicats ?

Quelques vérités

Avant tout débat sur la réforme des retraites (ou de l’assurance-chômage, ou de la Sécu, ou des salaires), un constat déterminant : la société produit toujours plus de richesses, mais qui sont de plus en plus mal réparties.

Depuis 30 ans, le produit intérieur brut (PIB, indice de la richesse produite sur le territoire français) a doublé, pour atteindre, en 2001, 1.468 milliards d’euros selon l’Insee. Pourtant, la part des salaires et des prestations sociales (assurances vieillesse, chômage, maladie) dans le PIB a continuellement baissé sur la même période. En effet, en 1980, 70% de la richesse produite revenait aux travailleuses et travailleurs sous forme de salaires et de prestations sociales.

Aujourd’hui, ce ne sont plus que 60%. Le reste va au capital. Les 10% manquants représentent 146 milliards d’euros : une somme fabuleuse qui, à elle seule, pourrait assurer un revenu décent à toutes et tous les retraités, les chômeurs, les jeunes en formation...

Il n’y a donc pas de « problème des retraites », il y a un problème d’appropriation par les capitalistes des richesses produites. Il est donc hors de question de faire encore payer les travailleuses et les travailleurs. La redistribution des richesses, ça s’impose notamment sous forme de salaires, d’embauches, de prestations sociales. Il n’y a rien à lâcher, il y a tout à reprendre !

Reste un problème d’accès aux droits : défendre mordicus le retour aux « 37,5 annuités » de cotisation, c’est un point de repère fort pour mobiliser, mais est-ce suffisant ? Bientôt, peu de personnes seront en mesure d’aligner 37,5 annuités. Un jeune qui a commencé à travailler à 23 ans et alterne les CDD et les périodes chômées pendant plusieurs années ne pourra jamais atteindre les 37,5 annuités, à moins de travailler jusqu’à 65 ans !
Ce que nous proposons

Le système de retraites repose sur deux idées fondamentales :

 la solidarité intergénérationnelle : ce sont les actifs d’aujourd’hui qui cotisent pour faire vivre les inactifs (retraité(e)s, chômeur(se)s...) ;
 l’assurance-vieillesse : pour prétendre à une pension, il faut remplir certaines conditions, dont celle d’avoir versé des cotisations plusieurs dizaines de trimestres.

Si le premier point est parfaitement légitime, et rationnel du point de vue de la création de richesses, le second est beaucoup plus discutable : quand, par exemple, de nombreux jeunes ne peuvent trouver du travail, la société leur interdit à terme de disposer d’une retraite décente. Alors qu’un revenu décent devrait être un droit inconditionnel.

Les capitalistes cherchent à annihiler le premier point et à se servir du second pour détourner à leur profit l’assurance-vieillesse. Il est logique que l’ensemble des travailleuses et des travailleurs se battent dans une logique radicalement inverse, au-delà du seul combat pour un retour aux 37,5 annuités de cotisation pour toutes et tous :
 droit à la retraite à 55 ans pour toutes et tous, avec la totalité des droits quelle que soit la durée de cotisation et avec l’embauche correspondant aux emplois libérés ;
 abolition de toute forme de capitalisation (fonds de pension, épargne salariale, stock-options) qui gangrène le système actuel ;
 égalisation et revalorisation des retraites ;
 financement des retraites en augmentant les cotisations sociales du patronat : il faut être « réaliste » et « faire des sacrifices » !
 refus de la cogestion comme de l’étatisation des organismes sociaux (Sécu, assurance-chômage, etc.) et réappropriation par les assurés sociaux de leur gestion. Les administratrices et administrateurs devant être élus, rendre compte de leur mandat et être révocables par ceux qui les ont élus.

Guillaume Davranche (AL Paris-Sud)


<titre|titre=Argumentaire AL retraites>

Un quatre-pages « argumentaire » sur les retraites à été produit par Alternative libertaire, à reproduire et à distribuer largement. Il peut être commandé en nous expédiant une enveloppe timbrée à votre adresse.

On peut également le télécharger depuis notre site web : www.alternativelibertaire.org

 
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