Présidentielle : Pacte écologique : le changement dans le statu quo




Nicolas Hulot a au moins un mérite : avoir réussi à mettre sur le devant de la scène la question écologique en des termes que, pour une bonne part, les anticapitalistes ne renieraient pas. Mais son Pacte écologique ne résout pas la quadrature du cercle : vouloir stopper la “ crise écologique sans précédent qui nous guette à échéance rapide ” sans enrayer la mécanique capitaliste.

Le Pacte écologique que l’animateur de télévision Nicolas Hulot a fait signer à une foule de personnalités [1]est centré sur le dérèglement climatique.

Face à cette menace, il formule un certain nombre de propositions pas forcément inutiles : “ Concevoir les produits industriels pour qu’ils durent, soient réparés ou recyclés afin de réduire les flux de matières, de déchets et d’énergie ” ; “ Lutter contre le réchauffement climatique en réduisant massivement le recours au pétrole, au gaz et au charbon pour diviser par quatre nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 ” ; “ Concilier la production agricole avec le respect de l’environnement, le travail paysan, la qualité des produits et la santé ” ; “ Lutter contre l’étalement urbain par le rapprochement des lieux de travail et d’habitation ” ; “ Réduire la demande en transports fortement consommateurs de pétrole et grands émetteurs de gaz à effet de serre (camions, automobiles et avions), augmenter l’offre en moyens de déplacement moins gourmands et plus propres (trains, transports en commun, transport fluvial, vélo) ”.

Mais, pour y parvenir, que propose le Pacte ? Il “ vise à interpeller tous les candidats à l’élection présidentielle, au-delà des clivages politiques ”. On ne peut être plus clair : statu quo, on ne touche pas aux structures de la société actuelle. Les inégalités, le contrôle des moyens de production par une minorité privilégiée, la dictature des marchés, la frustration permanente par le bourrage de crâne publicitaire, rien de cela n’est pris en compte, comme si cela n’avait aucune conséquence sur la façon de consommer et de travailler. D’ailleurs le Pacte le dit clairement : “ Nos capacités techniques mettent d’ores et déjà à notre disposition des outils pour réagir. Nous savons économiser l’énergie, produire proprement, recycler. Le moment est venu de passer à l’acte à grande échelle. ”

Une erreur fondamentale

Il ne s’agirait donc que de cela : un choix technique ! Quelques aménagements structurels au niveau national et international : “ Création d’un poste de vice-Premier ministre en charge du développement durable ” ; “ Construction d’une Organisation des Nations unies pour l’environnement ” ; “ Utiliser les instruments économiques : taxes, normes ou quotas ”.

Ces instruments économiques sont d’ailleurs les seuls points concrets du projet : “ Une taxe carbone qui […] croîtrait de manière progressive, jusqu’à ce que la division par quatre des émissions soit atteinte ” ; “ Un péage kilométrique pour les poids lourds ” ; “ Imposer la “Haute Qualité Environnementale” pour toute nouvelle construction ” ; “ Réduire les prélèvements sur le travail et les remplacer par une fiscalité écologique ”…

La question de la démocratie est aussi abordée dans le Pacte écologique. Où l’on nous ressert la tarte à la crème de la “ démocratie participative ”… Mais la formulation proposée a le mérite, pour une fois, d’être claire : “ La mise en œuvre du développement durable devrait donc être systématiquement précédée par des débats publics dont l’organisation serait confiée à la Commission nationale de débat public (CNDP) ” – sachant que, comme le Pacte le rappelle, “ les choix finaux relèveraient toujours de la responsabilité du politique, fondement de notre démocratie ”.

Au final, que penser de tout cela ? Certes, comme le protocole de Kyoto sur les émissions de gaz à effet de serre, l’application du Pacte écologique ne serait pas inutile en ce sens qu’il ralentirait le processus de dérèglement climatique. Mais en refusant de mettre en cause les fondements du système économique et social qui conduit la planète à sa perte, ce Pacte, tout comme les strapontins ministériels des Verts, risque de servir de dérivatif et non de solution à la crise écologique.

Jean-Luc Dupriez (AL Lot-et-Garonne)

[1Citons, pour nous en tenir aux candidats à la présidentielle : Voynet (Verts), Sarkozy (UMP), Royal (PS), Buffet (PCF) et Bayrou (UDF).

 
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