Réseau Sortir du nucléaire : Le choix des stratégies politiciennes




Suite à une lettre ouverte adressée au réseau Sortir du nucléaire [4], une rencontre avec Alternative libertaire, les Alternatifs, la Fédération anarchiste et le NPA a été organisée. Au-delà des désaccords, le débat nous renvoie à notre responsabilité de proposer une stratégie alternative.

Le positionnement antinucléaire d’Alternative libertaire se heurte depuis quelques années à l’évolution stratégique et politique du réseau Sortir du nucléaire résultant d’une prise de pouvoir interne défavorable aux organisations de terrain. Le désaccord a notamment éclaté lors de « l’ultimatum climatique », adressé à Sarkozy en 2009 [1] et désavoué plus tard par l’assemblée générale du réseau. Par son absence de référence à la lutte antinucléaire, le texte brouillait l’identité du réseau : il agissait comme une organisation rejoignant d’autres ONG dans une prière béate au chef d’État. Avec le recul et à l’occasion de l’affaire du licenciement de Stéphane Lhomme en 2010, ce brouillage apparaît beaucoup plus profond qu’un simple malentendu. Lors d’une rencontre en janvier entre d’un côté AL, la Fédération anarchiste, le NPA et les Alternatifs qui adressèrent une lettre ouverte au Réseau en décembre dernier et d’autre part le conseil d’administration (CA) du réseau, ce dernier déclarait qu’il a « à cœur d’équilibrer l’appui aux mobilisations de terrain, et le travail autour des partis et des institutions ». Force est de constater qu’il s’est spécialisé dans le lobbying auprès de ces derniers et, pire, qu’il tend à se confondre avec le programme de l’un d’entre eux, EELV en l’occurrence. Cette évolution pose problème. Pas simplement parce que cette stratégie est inefficace, mais aussi parce qu’en voulant s’immiscer dans les manœuvres politiques, ses revendications ont inéluctablement perdu en radicalité. On peut prendre pour exemple la trop faible réplique qui a suivi Fukushima et qui donnera lieu à l’organisation d’une « chaîne humaine » en mars prochain.

[*Une stratégie électoraliste*]

Comme l’a reconnu le CA dans sa première réponse à nos organisations [2], son orientation électoraliste est controversée parmi les organisations membres. Elle met effectivement à mal l’indépendance proclamée du réseau, son identité militante, et le pluralisme qui l’accompagnait. Mais, le plus grave est qu’il a cessé de dénoncer la contradiction entre capitalisme et préservation de la planète, inhérente à l’exploitation de l’énergie nucléaire. C’est ce qui lui permet de se rapprocher des partis écologistes, et d’« être fier d’aider à mettre la pression au PS [sic] ». La rencontre avec le CA nous a confirmé que sa nouvelle identité est ancrée dans cette stratégie électoraliste, la réunion se terminant sur une simple proposition d’interpeller des candidats sur la question du nucléaire. La prochaine AG sera l’occasion de peser sur les débats de l’intérieur [3]. AL doit se donner pour tâche de proposer clairement, avec toutes celles et ceux qui se trouvent sur le même positionnement, une stratégie alternative à celle mise en œuvre par le CA.

Commission écologie d’Alternative libertaire

[1Voir journal d’AL n°193.

[3Organisée à Angers les 28 et 29 janvier.

 
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