Santé-social : « Notre santé en danger » tente l’unité




La réforme de l’hôpital public aggrave une situation déjà critique entre pénurie de personnels, baisse des capacités d’accueil et tarifs en hausse. Tandis que les attaques sont dispersées pour mieux tromper, une riposte s’organise lentement.

Une résistance et une prise en main politique de la question de l’avenir de la santé commence à s’amplifier chez les personnels soignants. Ils subissent une déqualification généralisée, qu’il s’agisse du marché de l’emploi réduit qui s’offre à eux, des conditions de travail présentes et à venir – bas salaires dans l’hôpital public et privé, sous-effectifs, mobilité forcée des fonctionnaires – ou encore de leur formation. Outre les projets de restructurations de Centres hospitaliers universitaires (CHU), nombre de réformes baissent le niveau d’étude requis pour exercer – infirmiers et infirmières, psychologues, anesthésistes – lorsque ce n’est pas toute une profession qu’on déstabilise, autant par idéologie semble-t-il que par souci de rentabilité, comme celle des sages-femmes ou dans le secteur social, des assistantes maternelles. Car la mise à mort de la notion de « service public de la santé » au profit d’un « marché de la santé » implique bien une idéologie, que la santé du plus grand nombre n’intéresse pas [1].

Floraison de luttes

Depuis 2008, des luttes s’implantent dans des services hospitaliers (maternités, centres IVG, hôpitaux psy…), mais sans pour l’instant converger avec d’autres services. Des professions et fédérations syndicales se mobilisent autour des conditions de travail et des missions, fédérant les usagers et le secteur associatif qui s’occupe des mêmes questions : sages-femmes, personnels soignants des hôpitaux psy qui ont manifesté en mai [2]. Plus large que le collectif pour la défense de l’hôpital public, un front interprofessionnel baptisé « notre santé en danger » essaie de se construire depuis le 2 avril sur la convergence de ces différents mouvements. Avec un certains succès puisqu’il regroupe 107 organisations signataires, mais aussi avec des limites, celles justement de la convergence de terrain [3].

Reposant pour l’instant sur un appel volontairement large, ce collectif dispose déjà de possibilités de convergences interprofessionnelles (les travailleurs de l’assurance sociale par exemple subissent les mêmes déstructurations) : sur les conditions d’emploi, notamment, base fondamentale pour porter ensuite le discours sur le droit à la santé et aux soins, la sécurité des malades, et la solidarité salariale induite dans la prise en charge socialisée des risques, à l’instar de la retraite.

La cohérence d’un projet

Parce que le chantier du financement de la dépendance va remettre ces thèmes de la contre-réforme sociale au goût du jour, le collectif et les organisations syndicales cherchent à en faire le point de départ d’une mobilisation d’ampleur, à articuler avec la loi de financement de la Sécu.

A l’heure où Sarkozy prétend pouvoir inscrire dans la constitution l’équilibre des finances publiques, légitimant ainsi les coupes dans les budgets des systèmes de protection – la Sécurité sociale, l’assurance chômage et les retraites [4]– et les restrictions d’accès à ces mêmes systèmes (attaques récentes sur l’Aide médicale d’Etat). Il faut se rendre compte que ces réformes ont une logique systémique, à laquelle seule peut répondre la revendication d’une autre organisation globale de notre système de santé : solidaire dans ses principes et ses applications, accessible à toutes et tous sur l’ensemble du territoire et financée selon les besoins réels de la population et pas d’après les calculs de technocrates libéraux.

Fanny (AL Saint-Denis) et David (AL Paris Nord-Est)

[1Voir l’article ci-après : « Hôpital public : une mort sur ordonnance »

[4Politis n°1152, 12 mai 2011

 
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