Syndicalisme

Solidarité internationaliste : Intersyndicale et actions directes pro-palestiniennes




Guerre génocidaire à Gaza, guerre ouverte entre Israël et l’Iran, épisode de la flottille... L’appel intersyndical CFDT-CGT-UNSA-Solidaires-FSU du 10 juin pour une manifestation quatre jours plus tard s’est inscrit dans un contexte toujours plus dramatique.

Des confédérations syndicales qui appellent à se mobiliser dans le cadre du conflit israélo-palestinien, ce n’est pas une nouveauté. Les réflexes internationalistes sont toujours présents. Cette fois-ci l’intersyndicale est relativement large et se cantonne à « appeler les décideurs français et européens […] à agir immédiatement ». On reste dans la continuité de l’appel de la Confédération Syndicale Internationale du 5 juin. Pour du soutien concret aux actions directes, il faudra par exemple lire l’appel unitaire du Collectif national pour une paix Juste et durable entre Palestiniens et Israéliens (CNPJDPI) [1]. Côté syndicats, on y retrouve alors uniquement la CGT, FSU et Solidaires.

Mais en dépit du contexte propice à un regain de mobilisations et de l’appel large, la journée du 14 juin restera modeste. L’année 2024-2025 ne restera pas dans les annales de l’histoire des mobilisations syndicales et appeler quatre jours avant la date de la manif était plutôt optimiste. Mobiliser les collègues ou mêmes ses propres adhérentes sur des questions internationales reste un exercice compliqué. Par endroit c’est aussi la suractivité et le manque de coordination du microcosme militant qui démotive : à Marseille pas moins de six rendez-vous en moins de quatre jours autour de ce week-end. L’État mouille aussi la chemise pour fracturer la mobilisation. En agitant la carotte de la « reconnaissance de l’État palestinien » tout en menaçant du bâton certaines organisations de soutien à la Palestine de dissolution.

Dans les boîtes, les actions syndicales en faveur de la Palestine existent. Ici ce sont les dockers de Fos-sur-Mer et d’Italie qui refusent de charger des composants pour des armes à destination d’Israël. Là on sensibilise des salariées de l’armement et leurs syndicats. Ainsi, à Saint-Étienne, devant l’entreprise Aubert & Duval, la cargaison s’est justement faite bloquer à Fos. Parfois ces actions de sensibilisation proviennent des syndicats eux-mêmes, comme l’a fait la CGT avec Urgence Palestine devant STMicroelectronic à Grenoble [2]. Dans l’Éducation nationale, les syndicats se mobilisent pour soutenir des lycéennes et une collègue sanctionnée. Dans l’aérien, à Roissy, l’Union départementale CGT 93, l’Union locale Roissy et SUD Aérien appellent à ne pas charger les cargaisons militaires. Et dans le panel historique des actions du prolétariat, rappelons que celles et ceux qui produisent savent aussi ralentir la production. Voire la saboter.

Ces actions ponctuelles sont à soutenir et à valoriser mais sans pour autant cacher la faiblesse actuelle du mouvement ouvrier. Elle est encore plus criante sur les questions internationales. Renforcer nos organisations syndicales de luttes et en particulier leurs actions internationalistes c’est nous permettre de ne plus dépendre du bon vouloir de nos « décideurs politiques ». À défaut, continuons de faire feu de tout bois. La Ligue des Droits de l’Homme nous invite d’ailleurs à marcher vers Bruxelles avec, entre autres, la CGT, la FSU et Solidaires.

Francis (UCL Marseille)

[2«  Empêcher STMicroelectronics d’armer Israël  », Alternative libertaire n° 361, juin 2025.

 
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