Synthèse et éléments de la mobilisation au 25 octobre




[*Stratégie du gouvernement*]

 La loi a été adopté par le Sénat. La procédure parlementaire devrait aboutir à la promulgation de la loi autour du 15 novembre.
 La communication du gouvernement et des médias est très forte pour tenter d’affaiblir la grève. Ils insistent en particulier sur les déblocages de dépôts pétroliers (sans évoquer leurs reblocages quand ils ont lieu) et sur les réquisitions de salarié-e-s des raffineries ou du nettoiement. Rappelons que de telles réquisitions sont légales seulement en période de guerre ou quand la sécurité des personnes est menacée. - Le Medef et la Cgpme s’inquiètent tout deux des pertes financières dues aux grèves
 De fait, le mouvement social est dans une passe difficile et la question qui se pose de plus en plus est celle de rebondir après les vacances scolaires. Pour autant, de nombreuses régions ou secteurs professionnels sont encore mobilisés ou démarrent tout juste (comme les étudiants par exemple).

[*Grèves par secteurs*]

 SNCF : Dans la plupart des assemblées générales ce matin, les cheminots ont décidé de suspendre là grève jusqu’à la journée d’action de jeudi ou de maintenir une grève de 59 minutes par jour. Le taux de grévistes a chuté à 16,7% selon la CGT.

 Raffineries : Un tiers des pompes à essence sont à sec d’après le gouvernement.
 A la raffinerie Petroplus de Reichstett, en Alsace, suite à l’annonce par la direction de la fermeture du site avec suppression de 253 emplois, les grévistes ont repris le travail ce lundi en échange du maintien de l’emploi, prévenant que des « actions beaucoup plus dures » étaient envisagées si Petroplus ne tenait pas sa parole.
 Les deux raffineries Esso de Fos-sur-Mer et de Gravenchon ont voté la fin de la grève d’après la direction. La Cgt accuse la Cfdt d’avoir incité officieusement à reprendre le travail. Ces raffineries sont toujours en attente de brut pour reprendre le raffinage.
 Les grévistes de Grandpuits appellent tous les militant-e-s à venir à la raffineries pour dissuader les flics d’utiliser la force. La solidarité financière avec cette raffinerie (caisse de grève en ligne sur www.raffineriegrandpuits.fr) a très bien fonctionné.
 Toutes les autres raffineries ont reconduit la grève.


Universités et lycées :

 La mobilisation étudiante continue de prendre de l’ampleur. La coordination nationale étudiante a émis un appel reprenant en gros la plate-forme de l’Unef et appelant à des journées d’action mardi 26 et jeudi 4, en plus des journées d’action interpro.
 L’Unef estime que 37 facs sont mobilisées. La grève avec piquets en continu a été votée à Caen, Rennes 2, Pau, Paris 10, Paris 13, Montpellier 2, Lyon 2, Lille 3, piquets les jours de manifs à Paris 1, Paris 4, Paris 8 et barrages filtrants à Aix et Bordeaux 2. Dans une vingtaine de facs les AG dépassent les 300 participant-e-s. Certains établissements plus petits comme les IUT, les IRTS,
les IUFM, les Beaux-Arts de Rennes, les IEP de Lyon,
Rennes et Paris, et les ENS de Lyon et Paris
sont également dans l’action.
 Des personnels BIATOSS se mettent en grève (20 à Paris 1, site Panthéon, 60 sur le site Tolbiac).
 Les lycéen-ne-s son actuellement en vacances mais se greffent aux journées d’action étudiante et appellent à faire grève le 4 novembre.

Eboueurs : à Marseille, Toulouse, Nantes, Agen, Paris-Ivry, Nantes, Lyon, Angers, Belfort, Morlaix, Brest, Saint-Brieuc, Périgueux et Clermont-Ferrand, la grève des éboueurs est reconduite depuis une ou deux semaines. La grève s’étend parfois au privé comme à Marseille où, après qu’on leur ai demandé de jeter des ordures au bord des routes, le centre de retraitement étant bloqué, les salarié-e-s de Derichebourg sont entrés en grève.
 A Marseille, la préfecture réquisitionne des éboueurs, évoquant un risque sanitaire. FO (majoritaire) appelle à suspendre la grève. La CGT appelle à maintenir le blocage.
Actions
 Dans l’Ain, un calendrier d’actions est prévu pour la semaine : blocages de ronds points, actions en direction des
grosses entreprises du transport et de la métallurgie du département.

 Dans le Calvados, les Côtes d’Armor, le Gers, l’Ain, la Gironde, l’Hérault, le Nord, l’Ille-et-Villaine, Savoie, Seine-Maritime, Seine St Denis, Morbihan des blocages de ronds points, de zones industrielles et de dépôts de carburants sont prévues pour la semaine, ainsi que des barrages filtrants à l’entrée de grosses entreprises de la métallurgie.
Des opérations « villes mortes » sont en préparation pour mardi et jeudi.
 Dans d’autres villes, des barbecues ou pique-nique entre grévistes sont organisées.
 La gare de Bordeaux a été envahie par des manifestant-e-s vendredi dernier et devait l’être de nouveau ce lundi.
 Le centre des impôts de Toulouse Mirail est désormais bloqué par les agents, comme celui de Rangueil.
 Il y a toujours relativement peu d’actions à Paris et Marseille. A Paris, une manifestation est organisée mardi 26 par l’UD CGT de l’hôpital de la Pitité Salpétrière (qui subit des restructurations importantes), à l’incinérateur de Paris-Ivry, occupée par les ouvriers. Les AG de facs en lutte appellent à s’y joindre.

[*La mobilisation à l’internationale*]

 De nombreuses organisations syndicales d’autres pays ont envoyé leur soutien à la mobilisation actuelle : ACOD (Flandre, Belgique, procédera à des arrêts de travail si des barges belges contribuent à ravitailler la France en carburant.), ANEL (Equivalent brésilien de l’UNEF), CES (Europe), CGSP-FGTB (Wallonie, Belgique, procédera à des arrêts de travail si des barges belges contribuent à ravitailler la France en carburant.), CGT (Espagne), CGT-B (Burkina-Faso), COA (Asturies, Espagne), CONLUTAS (Brésil), CSA (Sénégal), CUB (Italie), CUT (Galice, Espagne), DGB (Allemagne), DISK (Turquie), FCOSI (Irak), Fédération Syndicale Européenne des Services Publics, FISEMARE (Madagascar), LKP (Guadeloupe), SEKRIMA (Madagascar), UDT (Djibouti), UGTCI (Côte-d’Ivoire), UMT (Maroc), UST (Tchad).

 Notons que la CES, dont sont adhérentes la CGT, la CFDT, FO, l’UNSA et la CFTC, a beau jeu de soutenir le mouvement : elle a validé avec le patronat européen (UNICE) et les différents gouvernements la nécessité d’allonger la durée de cotisation et de repousser l’âge de départ à la retraite dans tous les pays d’Europe.

 Le 26 octobre, LKP en Guadeloupe, le KSF en Martinique et le MKP en Guyane appelle à une journée d’action pour le respect des accords de 2009. C’est sans rapport direct avec les retraites, mais cela pèse dans le climat social.

[*Stratégie des organisations syndicales*]

 L’intersyndicale appelle à deux nouvelles journées d’action jeudi 28 octobre et samedi 6 novembre. Le communiqué de l’intersyndicale est très mou, appelant à respecter la « sécurité des biens et des personnes », ce qui revient en gros à se démarquer des blocages organisés par les équipes syndicales dans bien des départements.
 Aucun soutien aux grèves reconductibles en cours n’a été exprimé par l’intersyndicale. FO et Solidaires n’ont donc pas signé le communiqué.

 La CFDT a publié une mise au point interne suite à l’intersyndicale du 21 octobre. Dans cette note, elle condamne les actions de blocages et les grèves reconductibles et considère que « Les actions décidées [par l’intersyndicale] le sont dans la perspective de la promulgation de la loi ». Il faut donc s’attendre à ce que la CFDT se retire de la mobilisation à partir du 15 novembre. Elle sera sans doute suivie par l’UNSA et la CGC au moins.

[*Coordinations de grévistes*]
 Dans plusieurs villes en pointe dans le mouvement, des assemblées générales interprofessionnelles (AG interpro) ou intersyndicales émergent, comme au Havre ou dans l’agglomération rouennaise, et appellent directement à des actions.
 Dans la plupart des villes, la participation aux assemblées générales interpro oscille entre 50 et 120 participant-e-s et servent avant tout de réseau de coordination entre syndicats de lutte.
 A Paris, les personnels de l’université de Paris 1 en grève appellent à une coordination des personnels d’universités mercredi après-midi à Tolbiac.

 
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