VivArmor nature : Un collectif au service de la biodiversité bretonne

Depuis sa création en 1974, l’association VivArmor nature s’est imposée comme une actrice incontournable de la protection de l’environnement dans les Côtes-d’Armor. Fondée par des enseignants de SVT et des habitants et habitantes, elle est née d’un besoin urgent de protéger la baie de Saint-Brieuc, alors menacée par plusieurs projets industriels absurdes : construction de polders pour cultiver des tulipes, aéroport, etc.
Les premières années de l’association ont été marquées par une montée en puissance lente, mais continue. Soutenue par des partenaires publics comme la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL), l’Office français de la biodiversité et plusieurs collectivités, l’association a pu salarier ses premières et premiers spécialistes de la biodiversité à compter de 2001. C’est dans ces conditions que VivArmor nature est devenue pionnière en France dans l’établissement des atlas de biodiversité communale ou dans la gestion durable de la pêche à pied de loisir.
Une expertise scientifique et des partenaires solides
Le premier de ces atlas a vu le jour à Plérin-sur-Mer, donnant lieu à un colloque. Le projet a rapidement pris de l’ampleur. Le dernier à être paru est l’atlas intercommunal de la région de Lamballe Terre & Mer, et le prochain sera celui de Saint-Brieuc Armor Agglomération, regroupant 32 communes et plus de 500 spots d’observation de la faune et de la flore et mobilisant élues, habitants, habitantes et scientifiques. Ces atlas ne sont pas de simples inventaires : ils servent de leviers politiques. En effet, les atteintes à la biodiversité sont souvent le fruit d’une méconnaissance plutôt que d’une volonté de nuire. Les atlas apportent des préconisations concrètes aux éluses et permettent de préserver les corridors écologiques, essentiels à la faune.
Cofondatrice et membre de France nature environnement Bretagne, VivArmor nature collabore avec des structures comme la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), Eaux et rivières de Bretagne, le Groupe d’étude ornithologique des Côtes-d’Armor (GEOCA) et des associations spécialisées comme la société herpétologique de France (SHF) œuvrant pour les reptiles et les amphibiens en France et le Groupe d’étude des invertébrés armoricains étudiant les insectes et autres petites bêtes à l’échelle du massif armoricain. Grâce à ces réseaux, elle a pu participer à l’étude des couloirs écologiques de la rainette verte, une espèce parapluie [1].
L’exemple le plus frappant de l’efficacité de VivArmor nature est la fermeture de la RD-28, près de Lamballe, qui coupait un couloir de migration des amphibiens. Après avoir effectué un comptage de cadavres, elle a mis en place un système de barrages et de seaux permettant aux bénévoles de faire traverser les tritons, crapauds et salamandres en toute sécurité. Cette initiative a duré 3 ans, mobilisant les bénévoles chaque hiver. Cette démarche, présentée et expliquée aux élues locaux a abouti à une fermeture définitive de la route, une première en France pour protéger les amphibiens.
Ce succès a débouché sur un projet de réserve naturelle régionale des Landes et bocage de La Poterie. Après deux ans de concertation, 43 propriétaires privés et 4 entités publiques ont accepté d’inclure leurs parcelles, pour un total de 183 hectares. La mosaïque paysagère de ce territoire – landes, boisements humides, prairies – accueille une biodiversité remarquable et plus de 50 espèces menacées recensées à ce jour. La décision finale est attendue en mars 2026.
VivArmor nature travaille également en co-gestionnaire de la Réserve naturelle nationale de la baie de Saint-Brieuc avec Saint-Brieuc Armor. Là, chacun a son rôle : la collectivité prend en charge la conservation et la surveillance du site pendant que Vivarmor assure les suivis scientifiques et la sensibilisation des visiteuses et visiteurs par la mobilisation des bénévoles. L’agglomération emploie le conservateur et la garde technicienne et l’association emploie ses propres vulgarisateurs et vulgarisatrices scientifiques.
Cette zone exceptionnelle, avec ses vasières, roselières, estran, dunes et prés salés [2], abrite plus de 350 espèces végétales et une faune remarquable : loutres, phoques, oiseaux migrateurs, amphibiens… Située sur l’axe migratoire Manche-Atlantique, la baie est une étape cruciale pour des milliers d’oiseaux chaque année.
VivArmor Nature repose sur l’engagement de plus de 1 000 adhérents et adhérentes et d’un noyau actif de 380 bénévoles, dont 150 personnes mobilisées pour de grands événements comme le festival annuel Nature Armor organisé par l’association depuis 2006. Il s’agit de la plus grande manifestation nature de Bretagne, qui a rassemblé, malgré une météo capricieuse, 8 000 visiteuses et visiteurs à Quévert, près de Dinan, lors de la dernière édition fin janvier.
Sensibiliser et former
Le rôle des bénévoles va bien au-delà de l’aide logistique : comptage des nids d’hirondelles, préconisations auprès des pêcheurs à pied, veille naturaliste, sensibilisation des visiteurs et visiteuses d’espaces naturels, participation aux chantiers nature et programmes de recherches dans la baie… Les données que l’association recueille sont consultables par toutes et tous, et alimentent des bases de données utilisées par des universités partout dans le monde.
Depuis 2017, VivArmor nature propose des formations naturalistes accessibles à tous et toutes via son « Université de la nature ». Au programme : apprentissage de la reconnaissance des plantes, amphibiens, reptiles, insectes, algues et des bases de l’écologie, mêlant théorie et sorties de terrain, avec une visée participative. Elle forme ainsi les habitants et habitantes à la prospection et à la détermination d’espèces, contribuant à diffuser la culture scientifique.
Nasham (UCL Montreuil)





