Wagon Automotive-Douai : Encore une grève gagnante chez un sous-traitant




Face à une grève massive et déterminée, Renault, Peugeot et l’Etat ont dû intervenir pour garantir l’existence de l’usine et de 400 emplois. Un camarade de l’UL-CGT « historique » de Douai (lire AL de juin) raconte.

Ce n’est pas pour des primes de licenciements que se sont battus les salarié-e-s de Wagon Automotive à Douai, c’est contre les licenciements. Et ça mérite d’être souligné.

Ce sous-traitant automobile, en redressement judiciaire depuis décembre dernier, a récemment été repris par la Financière Snop Dunois. Mais quand la Snop a annoncé, en juin, que la reprise se solderait par la suppression de 155 postes sur 465, tout le monde a compris : une telle hémorragie, ce n’était qu’un prologue. Il était évident pour toutes et tous que, dans les six à douze mois, ce serait la fermeture du site !

Or, des sept sites de production Wagon, Douai est le plus important (un tiers des effectifs) et le plus combatif, avec une section CGT très motivée. Le 29 juin, l’assemblée générale a voté la grève illimitée. Pourtant, l’ensemble du personnel tirait déjà la langue : chômage technique une semaine sur deux depuis décembre, soit 20 % du salaire amputé chaque mois.

Avec les piquets de grève, aucun camion ne sortait, les constructeurs (Renault-Douai et Peugeot-Sochaux notamment) étaient privés des pièces détachées produites par Wagon. Histoire de les obliger à intervenir pour solutionner le conflit. Et c’est ce qui s’est passé !
Dès le 3 juillet, Snop reculait à 65 suppressions de postes. Mais dans ce chiffre, il faut compter 17 personnes en longue maladie et 28 départs volontaires, ce qui fait 20 licenciements. Sur ce résultat, l’AG a mis fin à la grève.

A présent, Renault, Peugeot et l’État (via le fonds stratégique d’investissement) vont s’impliquer financièrement dans la Snop pour garantir l’existence de Wagon. Ce qui, soit dit en passant, va dans le sens d’un retour du sous-traitant dans le giron de la maison-mère, comme ce qui s’est passé à la SBFM. 

Gardez-les, vos primes de misère

Ce qu’il faut en retenir : d’une part, au lieu de se résigner, les travailleuses et les travailleurs ont préféré se battre pour sauvegarder les emplois. Bien sûr, il y a quand même 20 licenciements… mais à l’origine on risquait la fermeture du site. Face à cela, l’attitude de la fédé des Métaux voire de la confédération CGT, c’est généralement : « Vous n’avez plus le choix, il faut négocier votre licenciement. »

Négocier de l’argent ? Et après ? Galérer pendant des mois, des années voire le restant de sa vie, vu la situation dans laquelle nous a mis le capital ? Combien de fois peut-on entendre « tu as vu l’usine, là, elle a fermé, mais bon les ouvriers ont de la chance, ils ont touché une belle somme d’argent… ». De quelle « chance » parle-t-on ? Quand on doit se lever tous les matins en se demandant comment trouver un nouveau boulot, après avoir passé 10, 20 ou 25 ans dans la même boîte !? Quand on était habitué à un rythme de vie, avec un revenu régulier ? La liste de misères après un licenciement est trop longue, mais il serait intéressant que les « patrons syndicaux » expliquent aux salarié-e-s ce qu’ils risquent après avoir négocié leur licenciement, au lieu de nous parler du grand projet de « Sécurité sociale professionnelle »… car quelle sécurité professionnelle peut-on avoir s’il n’y a plus d’entreprises en France ? Une chose est sûre, si toutes les boîtes étaient socialisées, on n’aurait pas besoin de parler de loi antidélocalisation !

Jérôme (Douai)

 
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