Dico anti-sécuritaire : Qu’est-ce que “ le communisme ” ?




Chaque mois, un mot ou une expression passée au crible

Après le communisme libertaire le mois dernier, voici le communisme tout court. Pour commencer, une petite définition très formelle de ce qu’est le communisme. Au sens strict et sans trop forcer, le communisme désigne une société sans classe, sans État et où la propriété privée serait abolie. Bon, ça c’est en théorie.

Si Marx et Engels sont considérés comme les théoriciens originels du communisme, ils ont surtout synthétisé et théorisé un ensemble de pratiques, d’expérience, de philosophies qui remontent au moins à l’Antiquité. Bien sûr, il n’y a pas grand-chose de commun (ou de communiste) entre la cité spartiate de l’Antiquité et Gracchus Babeuf lors de la Révolution française. De cela, Marx et Engels sont conscients, comme le prouve le début du Manifeste du parti communiste : « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes. Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte [1]. »

Ça y est, le communisme en tant que doctrine politique est né. Pour autant, il y a encore du chemin entre les idées couchées sur le papier par les deux allemands barbus et les différents partis communistes qui se sont développés dans le monde par la suite. Car c’est bien là que le bas blesse, si l’idéal communiste est partagée par la majorité des militants et militantes de gauche en cette fin du XIXe siècle, un certain nombre de ces derniers vont rapidement contester, avec Bakounine comme chef de file, le versant autoritaire de la Première Internationale.

C’est la première rupture au sein du mouvement communiste naissant. La deuxième intervient lors de la création de l’Internationale communiste, sous l’impulsion de Lénine et des bolcheviks en 1919. C’est à partir de là, que le communisme va être assimilé à un parti, une orientation politique particulière et non plus à un objectif à réaliser. Qu’il y a-t-il en effet de commun entre l’idéal communiste originel d’une société sans classe et sans État et les soi-disant démocraties populaires de la Guerre froide, les crimes du stalinisme, l’autoritarisme social-démocrate du Parti communiste en France ?

Les différents partis communistes qui se créent dans le monde au cours du XXe siècle ne se revendiquent donc plus d’un idéal, mais d’une doctrine politique, mettant en avant le rôle du Parti, et devant mener au but final qu’est le communisme. Cette vision, développée par Lénine, met en avant le rôle d’un Etat ouvrier fort, soi-disant seul à même d’orienter les masses vers l’objectif final. Il y a donc une différence fondamentale entre l’idée communiste, à laquelle adhère en partie Alternative libertaire, et ce que la majorité des gens appellent communisme aujourd’hui.
Bien sûr, la définition proposée dans le dico de ce mois-ci est incomplète et mériterait des précisions, mais pour cela il y a les classiques de la subversion et notamment les ouvrages de Cafiero ou Lénine [2].

[1K. Marx, F. Engels, Manifeste du parti communiste, 1948

[2Voir C. Cafiero , Abrégé du Capital, 1878 et Lénine, L’Etat et la révolution, 1917

 
☰ Accès rapide
Retour en haut