La crise : un prétexte pour casser nos retraites




En ces temps de crise des finances publiques, qui impacte aujourd’hui la Grèce et demain d’autres pays européens, le thème des retraites est partout au centre de l’actualité, car la crise est un prétexte tout trouvé pour imposer une contre-réforme.

Les plans de rigueur se suivent et se ressemblent : baisse du nombre de fonctionnaires et de leurs salaires, casse de l’aide sociale, et coup de grâce aux systèmes de retraite par répartition. En France, le gouvernement a enfin précisé ses intentions : comme prévu, allongement de la durée de cotisations, report de l’âge légal, saupoudré de quelques mesures trompe l’œil sur la taxation du capital pour déguiser la réforme en modèle de justice. En Grèce, le gouvernement a annoncé le report de l’âge de départ à 65 ans. L’Espagne, bonne élève à l’école du néo-libéralisme, l’a placé à 67 ans. Dans quel but, nous dit-on ? Sauver les caisses de l’État de la débâcle. C’est l’argument utilisé pour la Grèce et l’Espagne, mais aussi pour la France, brandi par les VRP de l’UMP chargés de nous vendre la contre-réforme des retraites. C’est sûr : pour nous sortir d’une situation conjoncturelle inconfortable à un ou deux ans, rien de tel qu’adopter une réforme qui aura des effets dans 20 ou 30 ans...

« Au bord du gouffre »

On voit bien là l’hypocrisie du gouvernement : tous les arguments sont bons pour faire avaler aux travailleurs et aux travailleuses une réforme qui détruit un peu plus leurs droits acquis. L’argument du sauvetage des caisses de l’État pour sauver les retraites est du même acabit : les retraites étant gérées par des organismes paritaires (organisations syndicales et organisations patronales), et financées par les cotisations sociales des salarié-e-s et des patrons, l’Etat et les finances publiques n’ont, en principe, pas grand chose à faire du déficit de l’assurance-vieillesse. Si l’Etat peut être amené à combler les déficits, notamment en période de récession où les cotisations rentrent moins bien, c’est parce qu’il fait le choix politique de ne pas aller chercher l’argent manquant là où il est : dans les poches des actionnaires et des institutions financières responsables de la crise.

Attendons-nous donc, dans notre combat pour la défense des retraites, à nous voir accusé-e-s d’irresponsabilité parce que nous condamnerions la France à « subir le même sort que la Grèce ». Et préparons-nous à riposter durement face à ceux qui attendent que la France se retrouve dans la même situation que la Grèce pour mieux tailler dans la fonction publique, achever la grande danse des privatisations, et faire passer une série de contre-réformes, à vitesse accélérée, en prétendant « ne pas avoir d’autre choix ». Le discours du gouvernement est déjà le suivant : « le déficit est tel qu’il faut retarder le départ en retraite et se serrer la ceinture, nous sommes au bord du gouffre ». Tout en appelant à « se serrer les coudes » face à l’adversité, comme si la crise que traverse l’Europe aujourd’hui était un tremblement de terre. A l’union nationale, il est plus que jamais temps de substituer la lutte de classe.

Vincent Nakash (AL Paris-Sud)

 
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