Grèce : face à la tentative d’un « coup d’État capitaliste »
« La Grèce paiera » clament en chœur le FMI, l’Union européenne et la BCE. « Le prolétariat paiera » rétorque le patronat grec. Dénonçant un « coup d’État économique », les anarcho-syndicalistes s’attaquent aux banques et entreprises qui bloquent le versement des salaires, appellent à une grève générale anticapitaliste et à tout faire pour que le « oui » ne l’emporte pas au référendum du 5 juillet.
Il y a plusieurs mois le gouvernement grec, dominé par la coalition de gauche Syriza, a décidé de s’engager dans des négociations sans issue avec les créanciers de la Grèce.
Depuis le début de ces négociations, FMI, BCE, Commission européenne et ministre des Finances de l’Union européenne (Eurogroupe) font pression sur le gouvernement grec pour qu’il accepte un nouveau plan d’austérité en échange de la prolongation de l’aide financière. Pendant plus de quatre mois, ces brigands se sont employés à marteler qu’aucune alternative à leur politique n’était acceptable ni même imaginable.
Le gouvernement grec a nourri l’illusion qu’un accord était possible. Il a beaucoup concédé (notamment en renonçant à remettre en cause la dette grecque) et n’a rien obtenu.
Les jeunes, les travailleuses, les travailleurs et les retraités grecs sont fatigués de cette mascarade. Ils et elles ont fait entendre ces derniers jours dans la rue leur colère et leur opposition à un recul de l’âge de départ en retraite, alors même que leur montant à été drastiquement réduit ces dernières années.
Menacé d’être lâché par une partie de son électorat et par la base de Syriza, Tsipras et son gouvernement ont enfin rejeté le nouveau plan imposé par les créanciers de la Grèce et ont décidé de consulter le peuple grec par référendum le 5 juillet tout en appelant à voter « non » au diktat de la BCE, du FMI et de l’UE qui prévoit entre autres la retraite à 67 ans et un nouveau relèvement de la TVA alors que les salaires et retraites n’ont cessé de baisser ces dernières années.
Chantage des banques et du patronat
Face à cette situation, nos camarades de l’Initiative anarcho-syndicaliste Rocinante dénoncent un coup d’État économique du Capital, et appellent à y répondre par une grève générale anticapitaliste.
Tous les jours, ils et elles mènent des actions contre les banques et les entreprises qui appellent ouvertement à voter « oui » et ont suspendu les paiements et les salaires, voire ont procédé à un lock-out dans l’attente du résultat du référendum. Les dirigeants du patronat et la principale bureaucratie syndicale (GSEE) du pays ont également signé un communiqué commun appelant à voter « oui ».
Rocinante organise un rassemblement devant le siège du Medef grec le 1er juillet ; devant le siège de la GSEE le 2 juillet.
Manifestation du 30 juin dans les rues d’Athènes, contre les banques et les entreprises qui font du chantage aux salaires. © Rocinante
Autant dire que les anarcho-syndicalistes ne célèbrent pas béatement les vertus du référendum. Dans un cadre capitaliste, avec les moyens de pression dont dispose le patronat, les ressorts en sont fondamentalement faussés. Rocinante appelle donc à tout faire, dans la rue et dans les urnes, pour que le « oui » ne passe pas au référendum du 5 juillet. Leur slogan : « Transformons le cout d’État du capital en riposte ouvrière anticapitaliste. »
Le capitalisme se moque des référendums
Alternative libertaire soutient ces initiatives, ainsi que toutes celles qui irons dans le sens d’une rupture avec le système capitaliste grec et d’une solidarité avec la jeunesse, les travailleuses, les travailleurs et les retraités grecs.
Pour autant ce référendum ne doit pas être une fin en soi. Il ne doit pas être une simple porte de sortie pour un gouvernement dans l’impasse. De plus nous savons ce que les gouvernements européens pensent des référendums. On l’a vu en 2005 avec le « Non » cinglant des électrices et électeurs néerlandais et français contre la constitution capitaliste de l’Europe. Ils s’en moquent totalement et s’emploieront toujours à les contourner tant que leur pouvoir ne sera pas menacé.
C’est donc à ce pouvoir qu’il faut s’attaquer en l’arrachant des mains des capitalistes, dont le taux de profit en Grèce est le plus élevé de toute l’Union européenne. C’est bien leur expropriation par en bas qui est à l’ordre du jour, la mise en commun des richesses produites et leur redistribution non pas par un gouvernement qui ne veut pas remettre en cause un tel système mais par un pouvoir populaire qui soit l’émanation directe des travailleuses et des travailleurs.
C’est bien par le soutien international à la mobilisation du peuple grec que l’on contraindra les gouvernements européens à annuler la dette grecque.
Alternative libertaire, 30 juin 2015