Seine-Saint-Denis : Les lycées veulent mettre le feu à la plaine




Comme souvent en Seine-Saint-Denis, la grogne est forte en cette rentrée scolaire 2017 dans le monde éducatif. Un peu plus original, ce sont les lycées qui mènent la danse.

Depuis la rentrée de septembre, de nombreux lycées du 93 ont fait plusieurs jours de grève  : Suger à Saint-Denis, d’abord, contre la répression antisyndicale subie par un personnel de l’établissement, le chef des travaux Pascal Stoller, muté d’office suite à sa participation à des mobilisations d’ampleur l’année passée. Ensuite et dans le désordre, Utrillo (Stains) et Jean-Rostand (Villepinte) contre la suppression des postes d’agents d’entretien en contrat unique d’insertion (CUI) – et oui, la suppression des contrats aidés ne touche pas que le monde associatif, l’Éducation nationale est bel et bien fortement impactée – Berthelot (Pantin), Jean-Zay (Aulnay) contre les sureffectifs de lycéens et le manque de surveillantes et surveillants, Mozart (Blanc-Mesnil) dénonçant les conditions matérielles du lycée, le nouveau lycée de la Plaine (Saint-Denis) contre les conditions d’ouverture d’un lycée pas prêt à ouvrir…

300 élèves de plus sans plus de moyens

Les revendications sont bien souvent les mêmes d’un lycée à l’autre, et le constat est partagé  : le rectorat ne met pas assez de moyens humains (professeurs, surveillants) à disposition, et le conseil régional laisse pourrir les lycées, à la fois en méprisant les personnels dont il a la charge (les agents techniques), en laissant se dégrader le bâti (dont il a la charge également), et en refusant de construire dans le département le nombre nécessaire de lycées supplémentaires, laissant exploser des lycées déjà à saturation. Les conséquences de ces politiques d’austérité pour les élèves issu.es des quartiers populaires sont immédiatement visibles, ainsi le lycée Mozart du Blanc-Mesnil a vu ses résultats au bac chuter de 10 points alors même que ses effectifs augmentaient de 300 élèves en deux ans sans aucun moyen supplémentaire.

Face à cela, une mobilisation à géométrie variable, ce qui pose différents problèmes. D’un côté, l’intersyndicale pêche par des initiatives dispersées et parfois déconnectées des établissements. De l’autre côté, un cadre d’auto-organisation émerge avec plusieurs réunions de coordination des lycées mobilisés, appelées dans le cadre du collectif «  Touche pas à ma ZEP  ».

Ce cadre a permis de susciter des mobilisations plus dynamiques, comme le matin du 21 septembre, avec une manifestation de près de 200 personnes allant de Sciences Po au ministère. Néanmoins, le collectif Touche pas à ma ZEP est devenu un cadre exogène à la mobilisation en cours, et plus un réel cadre d’auto-organisation – les militants qui l’animent, militants politiques bien connus du Nord du 92 – ont pour eux leur participation à la lutte de l’année passée, mais leurs lycées ne sont pas du tout mobilisés cette année  ! Sous couvert d’auto-organisation, le risque est non négligeable que ce collectif fonctionne comme une direction alternative, déconnectée des vrais enjeux d’unité des personnels, et entretiennent notamment la division avec les syndicats.

Une dynamique qu’il faut prolonger et amplifier

Quoi qu’il en soit, cette mobilisation est une vraie bonne nouvelle, et il faut espérer qu’elle se prolonge, s’amplifie dans l’unité et contribue à une mobilisation d’ampleur du monde éducatif, dans l’objectif de renverser la vapeur et de construire un vaste mouvement pour une éducation égalitaire et émancipatrice dont on a tant besoin !

Maud (AL Paris Nord-Est) et Gyula (AL Montreuil)

 
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