Antipatriarcat

Contrôle du corps des femmes : caché, pas caché, c’est jamais assez




Les tenues des lycéennes, le voile de la vice-présidente de l’UNEF, le burkini en piscine, le décolleté du Musée d’Orsay… autant de faits récents qui nous rappellent que les femmes sont toujours trop ou pas assez couvertes aux yeux des pouvoirs, et que c’est aux hommes de définir ce qui est « normal ».

Lundi 14 septembre, des lycéennes ont lancé une journée d’action autour du port des habits adaptés à la chaleur, en opposition aux directions d’établissements qui traitent d’indécent un haut court ou un short, de filles. Et particulièrement pour faire remarquer l’inégalité de traitement entre les garçons et les filles : shorts de même longueur, exclusion des filles ; string qui dépasse en position assise, exclusion alors que les gars montrent sans souci leur caleçon presque entier ; exclusion de sport pour avoir montré son nombril…

Qu’elles soient découvertes…

L’argument principal est que ces tenues sont provocantes et qu’elles déconcentrent les garçons, voire qu’elles peuvent provoquer une agression. C’est faire montre d’un bien grand mépris des garçons que de penser que la vision d’un nombril ou d’une épaule peut les empêcher de suivre un cours. Et un bien grand mépris des filles que de les rendre responsables du comportement des garçons.

Un slogan est apparu qui s’applique bien aux faiseurs de règlement : « elle ne s’habille pas comme une salope, tu penses juste comme un violeur  ».
Le ministre de l’Éducation nationale, toujours très pertinent a déclaré qu’il suffit de s’habiller « normalement » [1].

Jeudi 17 septembre, la vice-présidente de l’UNEF participe à une réunion à l’Assemblée nationale. Son voile provoque des réactions outrées et la sortie de députées de la réunion, en particulier parce que le voile serait un indice de soumission. Exclure les personnes qu’on croit soumises est probablement une méthode de soutien. Là encore, nombreuses sont les réactions pour dire comment une femme doit être habillée pour aller à l’assemblée, ou ailleurs. Rien sur les porteurs de kippa. L’islamophobie se teinte de sexisme.

… Ou pas assez…

Mercredi 16 septembre, Jadot, candidat auto proclamé aux présidentielles déclare que le burkini n’a rien à faire dans une piscine. Une règle non écrite dit probablement qu’une femme doit porter un maillot de bain qui montre son corps, mais pas trop.
Mardi 8 septembre, des agents de sécurité du musée d’Orsay ont empêché une femme d’y entrer à cause de son décolleté. Ils invoquent les « règles » qui n’existent que dans leurs cerveaux patriarcaux. Plus tard, la direction du musée présentera ses excuses.

… Le corps des femmes dérange

Ces incidents ont pour point commun que des personnes (souvent des hommes, mais malheureusement pas seulement, mais si toutes les femmes étaient féministes, le patriarcat serait fini) édictent des règles et les imposent à des femmes ou des filles en fonction de leurs opinions, de leurs croyances patriarcales.
Ce constat n’est pas neuf, il n’en suscite pas moins la colère. Les femmes continuent à être jugées sur leur apparence : trop déshabillées, trop couvertes, trop sexy, trop masculine, pas assez ceci, trop cela… C’est insupportable, injuste et oppressif, ça oblige les femmes à se préoccuper en permanence de ce qui devrait être simple et banal, et l’est pour les hommes :
s’habiller comme on veut.

Christine (UCL Sarthe)

cc La photothèque du mouvement social / Leclerc Patrice

[1Jean-Michel Blanquer au micro de BFMTV, le 14 septembre 2020

 
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