Pleins feux

Rentrée antisociale : La sidération est encore là




La journée de grève du 17 septembre, la première d’importance depuis le confinement, devait permettre de faire front pour un autre « monde d’après » : le bilan est bien mitigé.

Le 17 septembre était annoncé comme une journée de mobilisation nationale interprofessionelle « pour l’emploi » par les organisations syndicales qui y appelaient : la CGT, Solidaires et la FSU. Elle fut une journée fourre-tout, une journée de rentrée, pas inutile mais pas préparée comme il l’aurait fallu.
S’il est classique qu’une journée de mobilisation comme celle-ci soit annoncée pour la rentrée, elle revêtait cette année une signification particulière.

Manifestation 17 septembre 2020, Paris.
Photothèque Rouge

D’une part, le contexte de la crise sanitaire, les revendications pour la protection des salarié⋅es sur les lieux de travail, qui sont des revendications de santé publique, sont dans toutes les têtes. Plus encore, la crise économique gigantesque, qui n’en est qu’à ses débuts, a déjà son lot de dizaines de milliers de nouvelles et nouveaux chômeuses et chômeurs, de baisses des salaires, de précarisation toujours accrue du marché du travail. Enfin, le conflit de décembre-janvier pour les retraites est encore frais. Car même si une nouvelle réforme n’est pas encore annoncée, le gouvernement veut la faire avant la fin du quinquennat.

Dans les cortèges, trop Peu de nouvelles têtes

Il y en avait, donc, des raisons de se mobiliser ! Pourtant la journée fut en demi-teinte, les chiffres ne sont pas à la hauteur. Et surtout, peu de cortèges de boîtes sont apparus dans les manifestations. La journée aurait eu plus de sens si elle avait permis de mettre en lumière les luttes pour les emplois dans un certain nombre de lieux, si elle avait permis même de commencer une coordination des boîtes en lutte.

À la place, ce fut dans la plupart des villes le défilé des habitué⋅es. Ce n’est pas inutile, loin de là, car il permet de retisser des liens distendus pas la crise sanitaire, de se remettre le pied à l’étrier pour les équipes militantes qui subissent toujours le contrecoup de la désorganisation due au confinement. Mais ces défilés sont insuffisants pour ébranler un pouvoir gouvernemental qui n’écoute que le patronat et sa soif de profits. Un pouvoir qui a aussi les yeux rivés sur les élections présidentielles de 2022, et qui compte bien mener la fin de son mandat d’une main de fer en vue de la réélection.

Plusieurs éléments peuvent expliquer la difficulté à mobiliser. L’effet de sidération est encore là, parmi nos collègues, et parfois jusque dans les équipes militantes. La rentrée scolaire difficile a préoccupé celles et ceux qui ont des enfants. Et dans beaucoup d’entreprises qui subissent en ce moment des plans de licenciement, l’heure n’est malheureusement pas à la bataille.

Mais le 17 septembre a aussi manqué d’actes volontaristes, à la fois envers ces travailleurs et ces travailleuses menacé⋅es, et envers celles et ceux qui sont déjà privé⋅es d’emploi. À Rennes les salarié⋅es de Technicolor ont rejoint la manifestation, à Toulouse une coordination des salarié⋅es de l’aéronautique se met à place. Ces exemples encore trop rares doivent être démultipliés, pour imposer la question de l’emploi au centre des préoccupations. C’est en partant des luttes que l’on pourra démontrer que la hausse du taux de chômage est notre affaire à toutes et tous

Adèle (UCL Pantin)

 
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