Éducation antisexiste à l’école : Contre l’ignorance




Les associations féministes s’efforcent d’intervenir dans les écoles pour s’attaquer aux inconscients sexistes. Face à elles, les Églises tentent d’imposer leurs voix, aidées par les culs-bénits au pouvoir. Le Planning familial se mobilise.

Alors que nous sommes dans une société encore profondément sexiste et patriarcale, beaucoup considèrent que le « féminisme » est une lutte dépassée. On entend parfois des gouvernants soutenir des propos inacceptables en toute tranquillité. Le dernier en date était Berlusconi qui a affirmé sérieusement que les Italiennes étaient si jolies qu’on ne pouvait pas empêcher les viols.

Sur le terrain de l’Éducation nationale et de l’éducation populaire, on note deux types d’intervention.

La première, qui axe ses formations sur la sensibilisation au sexisme et à l’homophobie est illustrée par l’association Mix-Cité. La seconde, plus spécialisée sur l’éducation sexuelle est représentée par le Mouvement français du planning familial (MFPF).

Depuis la Convention pour la promotion de l’égalité des chances entre les filles et les garçons du 25 février 2000, l’association Mix-Cité a obtenu les agréments Jeunesse et Sport et Éducation nationale qui lui permettent d’animer des formations dans l’ensemble des structures de jeunesse officielles. Ces interventions sont basées sur les fausses représentations véhiculées par une société sexiste et homophobe, en utilisant des moyens pédagogiques différents allant du jeu – remettant en cause les différences supposées « naturelles » entre hommes et femmes – au débat sur les manifestations quotidiennes de l’homophobie. Mix-Cité ne se cantonne pas à la sensibilisation des jeunes. L’association entend aussi proposer des formations aux encadrantes et encadrants.

Quant au MFPF, leurs interventions sur l’éducation sexuelle permettent de rappeler des principes tels que le consentement mutuel ou la libre disposition de son corps, principes qui ne sont pas encore intégrés.

L’Église au taquet

Mais les féministes ne sont pas les seules à s’intéresser à ce terrain d’intervention. Les courants réactionnaires de l’Église tentent de s’immiscer sur ce terrain. CLER Famille en est une illustration dangereuse. Cette association, sous couvert de vocation d’éducation populaire œcuménique, « pour ceux qui croient et ceux qui ne croient pas » selon leurs dires, intervient dans les écoles sur le thème de l’éducation sexuelle. Cette interface lui permet de diffuser des discours puants. Ainsi, cette dernière ne se gêne pas pour affirmer qu’hommes et femmes sont très différents (les femmes seraient faibles, auraient besoin d’être protégées et s’épanouiraient dans des activités d’intérieur) et que les femmes devraient prendre sur elles pour l’épanouissement du couple. Mais le plus dangereux est le prosélytisme fait autour des méthodes de contraception « naturelles » (on n’est pas loin de la promotion de la méthode Ogino). Autrement dit, de façon pernicieuse, ce mouvement remet en cause non seulement la dépénalisation de l’IVG, mais encore de la contraception en général acquise par les luttes féministes.

Pire encore, le gouvernement vient de supprimer 42 % des subventions allouées au MFPF. Cela va se traduire par la mort d’un tiers des associations départementales du MFPF. Parallèlement, le diacre présidentiel, toujours soucieux de s’accorder les faveurs des franges cathos intégristes, projette de réformer la loi de séparation des Églises et de l’État, notamment le chapitre du financement des associations cultuelles.

Face à ces multiples atteintes contre les acquis féministes et laïques, il est non seulement urgent de soutenir le MFPF dans sa lutte pour le maintien de leurs subventions, mais aussi de redévelopper des mouvements laïques incluant des analyses féministes.

Sophie (AL Nantes)

 
☰ Accès rapide
Retour en haut