Coup de gueule : Sud-Rail, « l’élite du désordre »




Le 13 janvier, les conducteurs de la gare Saint-Lazare mettaient fin à une grève de 31 jours. Au départ la SNCF n’avait considéré ça que comme une petite action locale. Avec la fermeture de la gare, cela a fait la Une des médias.

Cette grève, longue, avait pour motif des revendications locales sur les effectifs, la productivité, les conditions de travail. Ces points sont communs à toutes et tous, il s’agit des leviers avec lesquels joue le patronat pour augmenter ses bénéfices. Mais dans notre cas, la SNCF, ces bénéfices sont faits sur des fonds publics initialement prévus pour un service public, et réinvestis ailleurs que pour l’intérêt collectif !

Cette grève se place également dans un contexte de durcissement du pouvoir, avec des consignes très fermes du gouvernement pour casser le mouvement syndical revendicatif : on ne lâche rien à des grévistes. Mais comme on ne lâche rien non plus avant une grève…

En fait, si cette grève répondait à l’appel de 4 organisations syndicales (qui, localement sont restées dans l’action, d’une façon unitaire jusqu’au bout), elle a été très vite sous le contrôle des assemblées générales (dès que la fédération CGT a voulu stopper le mouvement fin décembre), avec la création d’un bureau d’AG, seul mandaté pour les négociations et révocable par l’AG. Cette forme d’organisation, qui ne semble pas intéresser les médias, ne vient pas si facilement. Mais les échecs successifs des dernières grèves, souvent récupérées ou cassées par les bureaucraties syndicales, ont fait monter une volonté d’« autre chose ». Nous avions tenté cette organisation par le passé, mais les salarié-e-s étaient encore méfiants sur leur capacité à l’assumer. Cette fois, nous n’avons pas encore complètement réussi, puisque les membres du bureau d’AG étaient pour la plupart des syndicalistes. Mais, au moins, le contrôle qu’exerçait l’AG, la révocabilité, a permis de maintenir la cohésion, elle a directement écarté toute tentative électoraliste, facteur de désunion dans la grève.

Mais plutôt que de parler d’une lutte autogérée et victorieuse, qui a fait reculer direction SNCF et gouvernement, les médias sont incapables de sortir de leur vision selon laquelle la société ne peut fonctionner qu’avec une représentation par des élites (syndicales pour les travailleuses et les travailleurs, politiques pour les citoyennes et les citoyens). Et dans cette grève, l’« élite du désordre », bien évidemment, pour eux, c’est SUD-Rail. Pas question de laisser entendre que les salarié-e-s peuvent gagner des luttes en s’autodéterminant.

Aujourd’hui la grève est terminée, même si les revendications n’ont pas été entièrement satisfaites. Mais le débat sur l’utilisation de l’argent public pour le service public est lancé, les médias, les politiques s’en sont emparé. Pour quels résultats, l’avenir nous le dira. Mais la question : « peut-on faire des bénéfices sur une subvention publique pour des intérêts ou investissements privés ? », devra sans doute être posée ailleurs (Éducation nationale avec les écoles privées, Santé avec les cliniques, etc.).

Un syndicaliste de Saint-Lazare

 
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