Élections SNCF : FO, la CGC et la CFTC perdent la représentativité




La réforme de la représentativité syndicale entre dans sa phase concrète. Le couperet électoral est tombé pour la première à la fois le 26 mars, à la SNCF. La direction ne pourra pas s’appuyer sur un pôle syndical docile.

Les élections du 26 mars à la SNCF ont une forte portée symbolique, car il s’agit de la première grande entreprise à avoir subi la nouvelle loi sur la « rénovation de la démocratie syndicale » (sic) du 20 août 2008. Ces élections se situaient dans le contexte de la défaite du conflit sur les régimes spéciaux en novembre 2007, d’une SNCF en pleine déstructuration, du fret en voie de satellisation-privatisation et de la récente campagne de lynchage contre SUD-Rail – qui a eu un effet boomerang puisqu’elle a mis en lumière le syndicalisme de lutte.

À l’issue de ces élections, le paysage syndical est profondément remodelé. Il fallait atteindre le seuil de 10 % des voix au niveau national pour obtenir la représentativité. FO, la CGC et la CFTC en seront désormais privés : ils ne pourront plus négocier ni signer d’accords jusqu’aux prochaines élections, en 2011.

Disparition de la Fgaac

La CGT, malgré une nouvelle baisse, reste la première organisation syndicale au niveau national. Elle est suivie par l’Unsa qui progresse de 3,58 points (+ 6,45 points chez les cadres) grâce à l’apport de voix de la CFTC et probablement d’une partie de l’électorat de la CFDT déboussolé par la fusion avec le syndicat catégoriel Fgaac, qui disparaît de facto du paysage.

SUD-Rail est la seule fédération à progresser dans tous les collèges mais avec un score toujours très faible chez les cadres. Elle devient la deuxième organisation parmi le personnel roulant (30% chez les contrôleurs, 28 % chez les conducteurs), talonnant ainsi la CGT.

L’alliance CFDT-Fgaac passe tout juste le seuil des 10 %, perdant plus de 3 points sur leurs scores de 2006.

Les nouvelles règles de représentativité stipulent que pour qu’un accord soit valide, il doit être signé par des fédérations pesant ensemble au minimum 30 % des voix. La direction SNCF espérait voir se dégager un pôle docile Unsa-CFDT dépassant ce seuil. C’est raté.

Au final, seules 4 des 8 fédérations syndicales de la SNCF (CGT, SUD, Unsa et CFDT) sont jugées représentatives nationalement. Les autres risquent de rapidement péricliter. À noter que la représentativité est également adjugée au niveau régional. Certains syndicats conservent donc la représentativité dans plusieurs régions, mais pas au niveau national, et inversement – situation absurde, notamment pour le dépôt des préavis de grève. Malgré les nouvelles possibilités offertes sur ce point par la loi, la CNT n’a présenté aucune ni aucun candidat.

Notons que les salarié-e-s plébiscitent le syndicalisme de lutte. Deux grèves ont été médiatisées début 2009. À Nice, c’est la CGT qui menait la grève, et elle demeure très largement n°1 sur le dépôt. À Paris Saint-Lazare, c’était SUD-Rail, qui passe de 27 % à… 53 % parmi les agents de conduite, reléguant très loin derrière tous les syndicats qui avaient trahi les grévistes.

AL Rail


RÉSULTATS DES ÉLECTIONS SNCF DU 26 MARS 2009

  1. CGT : 39,30 % (- 0,83)
  2. Unsa : 18,06 % (+ 3,58)
  3. SUD-Rail : 17,67 % (+ 2,7)
  4. CFDT + Fgaac : 11,59 % (- 3 en cumul)
  5. FO + CGC : 7,98 % (+ 0,33 en cumul)
  6. CFTC : 5,4 % (- 2,74)
 
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