Médias : le pluralisme en question




Le samedi 30 septembre 2006 s’est tenue à la Bourse du travail de Saint-Denis la première session des États généraux pour une information et des médias pluralistes (EGIMP). Pour la première fois, des syndicats de journalistes, des médias alternatifs et des associations de critique des médias ont travaillé de concert et sont parvenus à élaborer une plate-forme revendicative commune.
La réussite de l’initiative n’était pourtant pas écrite d’avance. Lorsque l’appel à ces états généraux a été lancé en octobre 2005, les syndicats et associations (locaux et nationaux) ont été nombreux à signer, et la plupart des partis de gauche, PS inclus, ont apporté leur soutien. Auprès du grand public, l’écho a été bien moindre (surtout si l’on compare aux 217 000 signatures électroniques reçues en soutien à Là-bas si j’y suis). Mais surtout, les signataires ont été bien peu nombreux-ses à participer aux réunions préparatoires aux EGIMP, et sans l’obstination de l’association de critique des médias, Acrimed, ceux-ci n’auraient sans doute pas vu le jour.

Onze ateliers se sont tenus en parallèle pendant cette journée, traitant de la critique du fonctionnement des médias dominants comme des manières de promouvoir les médias alternatifs. L’atelier le plus intéressant était sans doute celui qui traitait des manières de lutter contre la concentration et la financiarisation des entreprises de médias [1]. Le constat étant que la pluralité des supports d’information masque une totale uniformité de l’information, du fait notamment qu’un très petit nombre de puissances d’argent (Lagardère, Bouygues, Dassault, Bertelsmann...) tient tous ces supports ; l’objectif global étant de faire sortir l’argent des médias. Parmi les moyens proposés : la remise à l’ordre du jour des ordonnances de 1944, avec l’idée qu’une entreprise ne devait pas posséder plus d’un titre de presse ; l’incitation à la définanciarisation avec en particulier le principe que les aides (qui prennent la forme aujourd’hui pour la presse de réductions de TVA) ne doivent bénéficier qu’aux médias à but non lucratif, et pas à des entreprises qui recherchent le profit ; l’octroi aux équipes rédactionnelles du pouvoir essentiel de décision, au minimum d’un droit de veto face aux tentatives de mainmise d’un groupe privé. Avec comme projet final que les entreprises de médias soient toutes dotées d’un statut particulier à but non lucratif, et que soit interdite la possession d’un média par un groupe capitaliste. Autre mesure phare envisagée : la déprivatisation de TF1, qu’il est facile de justifier par son non-respect de cahier des charges.

Évidemment, les problèmes des médias (concentration, information-marchandise, mais aussi précarisation des journalistes) ne sont pas très différents de ce que l’on constate dans tous les secteurs économiques, et sont finalement consubstantiels au capitalisme. Et les solutions envisagées pour les entreprises de presse pourraient être transposées à toutes les entreprises... sauf que l’appel à l’autogestion (même si le terme n’est pas utilisé) dans la presse et l’audiovisuel trouve appui sur des expériences historiques dont il reste encore des traces (les sociétés de rédacteurs).

Sébastien Marchal

Pour retrouver le texte de l’Appel, la déclaration finale et d’autres textes sur les médias :
 www.etats-generaux-medias.org/
 www.acrimed.org

[1Cf le plan du PPA (parti de la presse et de l’argent) sur le site de l’excellent « Plan B » www.leplanb.org

 
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