Éducation nationale CGT-FSU : Vers la fusion ?




Le rapprochement entre la CGT et la FSU est à l’ordre du jour. Par-delà les manœuvres d’appareils, se profile un problème de fond, que les bureaucraties syndicales voudraient éluder : sur quelles bases construire l’unification syndicale, pour contribuer à un mouvement social d’ensemble, plus que jamais nécessaire ?

Alors que les personnels de l’Éducation nationale se débattent entre fatalisme morose et résistances dispersées, face aux contre-réformes libérales ou réactionnaires, le problème de l’efficacité de l’outil syndical et de son unité, est revenue dans les débats de la dernière année scolaire. De façon surprenante, la question n’a pas été posée dans les rangs du syndicalisme de lutte et interprofessionnel, mais lors d’un congrès national du Snes, premier syndicat de l’enseignement secondaire, pilier de la FSU, première organisation syndicale de l’Éducation nationale - incontournable à ce titre.

Convergence bureaucratique ?

Les délégué-e-s ont voté une motion de partenariat privilégié avec la CGT, en prenant acte de ce qui se passe déjà dans la réalité. Les débats ont révélé une tendance nette à un rapprochement plus poussé avec la centrale de Bernard Thibault – l’unification syndicale de la FSU avec la CGT ayant par ailleurs été soutenue par une forte minorité, mais rejetée devant les réticences d’une partie de l’appareil du Snes. Cela ne manquera pas de créer quelques remous au sein de la CGT-Éduc’action, où un nombre minoritaire mais significatif de syndicats départementaux se situe souvent dans une perspective bien plus combative qu’à la FSU.

Si la division et le nombre incroyable de syndicats dans l’Éducation nationale (il en existe pas moins de 19 !) sont un frein à la construction de mobilisations sociales d’ampleur, on ne peut pas pour autant se borner à envisager le sujet sous l’angle strictement organisationnel, sauf à considérer que l’ensemble du syndicalisme enseignant suivrait une même ligne, dans les revendications comme dans la stratégie de lutte, dans la conception de la démocratie syndicale comme dans les relations avec les personnels. À cet égard, le rapprochement FSU-CGT est marqué du sceau d’un syndicalisme bureaucratique de négociation, capable de mobiliser les salarié-e-s quand leurs « généraux » l’ordonnent. Il est aux antipodes de ce pour quoi nous combattons.

L’unité par les luttes

Si nous sommes partisans de l’unification syndicale, c’est sur des bases de lutte de classe (primat des luttes et de la confrontation comme stratégie revendicative), sur des bases démocratiques (contrôle des syndiqué-e-s sur leur syndicat et des personnels sur leurs luttes) et sur des bases interprofessionnelles (en considérant, contre le credo capitaliste, que notre projet d’école concerne l’ensemble des travailleurs et des travailleuses).

Nous insistons sur ces trois aspects non pour chercher absolument à cliver, mais parce que nous considérons qu’ils sont au cœur des luttes de ces dernières années et qu’ils déterminent le profil de l’organisation syndicale à construire : un outil collectif pour les salarié-e-s, qui fait cruellement défaut dans l’Éducation nationale.

Des syndicats fragmentés

Aucune organisation syndicale ne peut en effet se prévaloir aujourd’hui d’être un exemple de ce qu’il faudrait faire. Aucune n’a la capacité de mobiliser significativement les personnels, sur des logiques anticapitalistes et autogestionnaires. En revanche, on rencontre à la FSU, à la CGT, à Sud, à FO... des équipes militantes qui œuvrent à un syndicalisme de combat, démocratique et interprofessionnel. Des équipes opposées au syndicalisme de cogestion, de dialogue social et enfin d’accompagnement des régressions sociales et éducatives. Or, celles-ci reproduisent la plupart du temps les mêmes logiques de division et de compétition stérile que les bureaucraties syndicales entretiennent entre elles. Il faut rompre avec cet état d’esprit.

Rémi (AL Lorient)

 
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