Grèce : Six mois après l’insurrection, la réaction fasciste




Le souvenir des émeutes de décembre dans les grandes villes de Grèce n’empêche manifestement pas le gouvernement grec de céder à ce qui ressemble de plus en plus à une véritable dérive fasciste.

Alors que le pays célèbre ce mois-ci les trente-cinq ans de démocratie depuis la chute des colonels, violences policières, rafles, déportations d’immigrés, actions coups de poing appuyées de groupuscules fascistes et attaques de squats et de foyers se multiplient de manière alarmante. Ce ne sont plus des coups d’essais, mais des pratiques systématiques et bien rôdées. Deux exemples pour le seul mois d’août :

– La déportation des kurdes échoués en Crète, baladés du sud au nord du pays, et finalement parqués en Thrace. Idem pour ceux de l’île de Chios envoyés à la frontière turque. Dans tous les cas, les enfants en bas âge sont déplacés avec leurs parents.

– L’arrestation de 109 personnes place d’Attikis (Athènes – quartier de travailleurs immigrés) par la police qui a ensuite encadré dans la soirée une franche ratonnade par des groupes d’extrême droite, matraquant et gazant à tour de bras : au moins 3 blessés graves. Profitant qu’elle verrouille hermétiquement la place, la police rajoute quelques réfugiés afghans à sa prise initiale.

Incendie des squats

Citons encore les évacuations de foyers somaliens, à Athènes toujours, où des « comités de résidents et commerçants » se font les auxiliaires de la police, n’hésitant pas à brutaliser femmes et vieillards.

Le 6 août, cette sinistre liste s’allonge avec l’attaque de Radio Revolt (qui émet sans autorisation depuis l’université de Salonique : http://radio-revolt.org), la seconde en quinze jours. Ce nouvel incendie du wagon ferroviaire qui leur tient lieu de local n’entame pas le moral de nos camarades antiautoritaires et anarchistes : ils ne sont « ni effrayés, ni inquiets, ni surpris ».

Et de rappeler deux événements pointant vers la coopération entre le pouvoir et l’activisme fasciste : la tentative d’incendie des squats Fabricka Yfanet (Thessalonique) et Villa Amalias à Athènes fin juillet. Le premier, occupé depuis 2004 est déjà inquiété par la politique visant les espaces autogérés. L’explosion d’une machine infernale un beau matin entraîne l’arrivée de la police… seulement six minutes plus tard ! Pour le second, est-ce un groupe para-policier qui lance des cocktails Molotov et des grenades incendiaires contre le squat ? On peut le penser quand une demi-heure plus tôt, Markogiannakis, vice-ministre de l’Ordre public (ça ne s’invente pas) réaffirmait le soutien de l’État au groupe néo-nazi Aube dorée pour l’attentat sur le point d’être perpétré.

Difficile de ne pas rapprocher la proximité des acteurs (police, groupes néo-nazis, « comités » de citoyens, de voisinage) et la proximité des faits (en 2 mois une vingtaine d’actes délibérés contre squats, foyers d’immigrés et réfugiés). Difficile enfin de ne pas observer que l’État grec encourage les comportements les plus fascisants, non seulement chez des nervis, mais aussi dans les couches plus populaires de la société civile. Jusqu’où avant l’inévitable exaspération ?

Cuervo (AL 95)

• Sources : Indymedia, Radio Revolt, Anarkismo.net.

 
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