Bulletin mensuel d’Alternative libertaire Alsace n°41, janvier 2013

IVG, mariage, éducation… L’ordre moral contre attaque !




Depuis quelques mois, les manifestations contre l’égalité des droits pour les couples homosexuels voient ressortir tous les pires milieux réactionnaires, intégristes, fascistes dans la rue, où se mêlent joyeusement « démocrates » chrétiens, groupuscules d’extrême droite et illuminés fondamentalistes. Mais il ne faudrait pas penser qu’il ne s’agit que d’un happening après lequel ces organisations laisseront tranquilles tous ceux et celles qui n’ont pas choisis leurs préceptes religieux.

Les bigots II, le retour !

Depuis des dizaines d’années les attaques de commandos ou les manifestations dans les hôpitaux pratiquant l’IVG se perpétuent, par exemple à l’hôpital Tenon à Paris, victime d’un véritable harcèlement par des manifestations régulières visant à faire pression sur les patientes et les soignants. Bien que l’IVG soit un droit depuis plus de 30 ans, une partie importante de la droite, bien au-delà de l’extrême droite, souhaite revenir dessus, au nom de règles religieuses. Ce sont des députés de l’UMP qui ont tenté en 2009 de faire reconnaître et de protéger l’embryon sous prétexte d’étendre les droits humains aux cellules. Au gré des attaques pour imposer une morale dominante, on en arrive à voir Marine Le Pen prétendre vouloir conserver le droit à l’IVG tout en supprimant son remboursement, ce qui en ferait donc un luxe réservé aux plus riches. Déclaration électorale non appréciée par les catholiques du FN mais témoin d’un rapprochement des « valeurs » avec l’UMP. C’est encore en 2011 que 80 députés de l’UMP se sont déchaînés de façon irrationnelle contre l’utilisation du terme « genre » dans les programmes scolaires, sous prétexte que l’identité masculine ou féminine serait naturelle, alors que les sciences utilisent ce terme depuis des décennies. L’Église en tête, les mobilisations sont nombreuses avec un but simple : défendre l’inégalité par d’obscures justifications sacrées. Face à cela, le PS préfère focaliser l’attention sur une mesure surtout symbolique, le droit au mariage pour les homosexuels, mais ne revient pas sur le démantèlement du service public hospitalier, notamment la fermeture de 149 centres d’IVG depuis 2002, ou la baisse radicale des subventions aux associations comme le planning familial. Même chose du côté de l’éducation, où les privilèges financiers accordés aux établissements privés et catholiques sont validés par le gouvernement Ayrault.

Mariage pour tous… ou pour personne ?

Si nous ne pouvons que soutenir l’égalité des droits, donc le mariage de tous les couples, quels qu’ils soient, cela ne doit pas nous empêcher de maintenir un regard critique sur l’institution du mariage. Comment justifier en effet que l’État se préoccupe de notre vie intime, qu’il se préoccupe des relations sexuelles entre adultes consentants ? Comment justifier que la société attribue des droits (fiscalité, mutations pour les fonctionnaires,…) à certains individus sous prétexte qu’ils sont mariés, et non à tout individu ? Cette situation fait de la famille patriarcale la seule communauté subventionnée et protégée par l’État, pour les besoins de la reproduction de la force de travail et de consommation. Le mariage « pour tous » ne remet pas en cause le patriarcat, puisqu’il adapte et étend ce modèle.

Égalité et… liberté

Si l’objectif était réellement l’égalité des droits, il suffirait de supprimer tous les divers statuts compliqués que l’État a défini (mariés, pacsés, concubins…) pour les remplacer par la simple union libre. Partant du principe qu’une société libre et égalitaire n’a pas à connaître la situation familiale et intime pour donner des droits, il n’y a aucune raison de créer un statut particulier pour les couples. Chacun et chacune choisira donc comment et avec qui vivre sans être contraint par une norme ancestrale. Par contre la société doit mettre en place les moyens pour que chacun et chacune puisse vivre décemment et notamment élever et éduquer les enfants (crèches, écoles, revenus garantis, logements suffisants, etc.). Plutôt que de rester enfermé dans le modèle restreint d’une famille, considérée comme la norme, chaque enfant peut être enrichi par la diversité des personnes et des expériences que peut lui offrir une collectivité. L’union libre, et donc la suppression du mariage civil, est une condition nécessaire (mais non suffisante) pour se débarrasser de l’oppression patriarcale et de toute assignation de genre qui enferme les individus dans un rôle prédéfini.
Alsace : Comment nous finançons les clercs qui combattent nos libertés…

A la pointe du combat contre le mariage pour tous, se trouve notamment le clergé catholique (les autres monothéistes ne sont pas loin !), qui est en Alsace financé par de l’argent public (comme en Moselle). Témoin notamment ce curé de Vendenheim qui assimile le mariage des homosexuels au nazisme ! Il serait temps de réclamer la fin du concordat. Malgré la propagande cléricale, il faut rappeler que ce concordat (d’origine napoléonienne) n’a rien à voir avec le régime particulier de sécurité sociale de l’Alsace-Moselle, plus avantageux, d’origine allemande (bismarckienne), qui pourrait d’ailleurs être étendu à toute la France (et même au-delà).

AL en Alsace : www.al-alsace.tk

Bulletin mensuel d’Alternative libertaire Alsace n°41, janvier 2013
 
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