Medef : Acte II de la « Refondaton sociale »




La droite réactionnaire, libérale et revancharde est donc au pouvoir.

La gauche de gouvernement scotchée sur son échec électoral, sans projet, se passionne pour le simulacre de débat intellectuel concernant les nouveaux réactionnaires. Les conservateurs de droite et de gauche tentent de décrédibiliser la critique sociale et ont trouvé un mot magique : l’extrémisme. L’extrémisme remplace ainsi le gauchisme si utile pour effrayer sans débat.

Pendant ce temps, la droite applique sans complexe le programme du Medef. C’est un peu comme en 1981 quand la gauche se rua sur les cartons de la CFDT pour gouverner, cannibalisant ainsi cette organisation syndicale.

La droite puise allègrement dans le programme et les revendications du Medef. La gauche, qui discute sans fin de son rapport au mouvement social, a bien été et est bien incapable d’entretenir le même rapport avec le mouvement social. La droite fait la démonstration que le Medef n’a pas besoin de s’affirmer comme un parti politique. Que l’on se le dise, la politique c’est la droite. Du coup le Medef sans traumatisme s’en retourne à ses bonnes vieilles méthodes de lobbying. Une attitude facilitée par la reprise en mains du Medef par l’UMP avec le départ de Kessler qui autorise la montée en puissance de Guillaume Sarkozy (le frère du ministre de l’Intérieur) et le retour au premier plan de Denis Gautier-Sauvagnac, le patron de l’Union des industries métallurgiques et minières (UIMM).

Bon nombre des revendications du patronat sont actuellement portées par le pouvoir politique. Les chantiers de la « refondation sociale » qui n’ont pas abouti sont maintenant transformés en textes gouvernementaux et servent de carburant à la campagne politique de la droite.

La liste de ses emprunts au Medef est désormais fournie : qu’il s’agisse de l’assouplissement des 35 heures ou des modifications de la loi de modernisation sociale de la « gauche plus rien », mais aussi des attaques contre la médecine du travail par une privatisation rampante de cette activité, des campagnes sur les privatisations, les retraites ou l’assurance-maladie, ou encore des remises en cause du service public en général. Le tout sur fond d’une idéologie du travail désormais portée à la boutonnière par le gouvernement et qui sent bon la France de Vichy.

Bref, tout se passe comme si c’était Noël tous les jours pour le patronat qui peut se satisfaire d’être passé entre les gouttes de la critique après les scandales financiers du type Enron. Il a réussi à éviter un renforcement de la réglementation. Les responsables du Medef sont triomphants et affirment leur arrogance.

Pour les patrons, c’est Noël tous les jours

Ils ont mis au point un pas de deux avec le pouvoir. Il s’agit pour eux d’exiger beaucoup pour permettre au gouvernement de dire « regardez, c’est un juste milieu ». Ils sont ainsi à l’offensive pour l’âge de la retraite où ils annoncent qu’il faudra travailler jusqu’à 68 voire 70 ans. Si avec cela le gouvernement ne nous trouvait pas une position raisonnable d’âge de la retraite à 62 ans à terme, ce serait vraiment à désespérer.

Il est vraiment temps que dans ce pays, il n’y ait pas seulement les patrons pour croire à la lutte des classes. CGT et CFDT ont pour la première fois, il y a peu, stigmatisé le programme du Medef en se plaçant sur le terrain idéologique, réfutant la fumeuse théorie du risque du baron Seillière.

Maintenant que le Medef annonce la « refondation sociale 2 », il serait peut-être temps que les organisations dites représentatives n’aillent pas une nouvelle fois discuter avec les patrons, sans mobilisation et surtout pour débattre des revendications patronales. N’en déplaise à l’appareil confédéral de FO lourdement sanctionnée aux élections prud’homales, sans doute pour sa signature de l’accord au rabais chez les routiers, et qui cherche à avoir le statut de syndicat privilégié du patronat avec le retour au sein du Medef de la fraction la plus UMP, pour sauver une représentativité octroyée par le pouvoir politique.

Le combat de classe, impose une lutte frontale avec le patronat. Cela signifie qu’il faut lutter pour que l’entreprise ne soit plus la propriété des patrons, que la représentation politique des entreprises ne passe plus par la voix des patrons et de son alliée, la droite.

L’entreprise comme lieu de l’affrontement de classe, pas l’entreprise où les patrons représenteraient jusqu’aux intérêts des travailleurs.

Cela implique aussi qu’il faille disputer la légitimité des patrons et de la droite à parler au noms des entreprises et des salariés.

C’est quand le mouvement social se sentira légitime qu’il sera conquérant.

Thierry Aureliano (AL Transcom)

 
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