Politique agricole : L’agriculture européenne obligée de se recentrer




L’Europe a développé un système d’aide à son agriculture qui s’insérait dans le système mondial. Mais avec l’entrée des produits agricoles alimentaires dans les négociations de l’OMC, cette politique est désormais remise en cause alors que les intérêts de chaque partie s’entrechoquent.

Le Gatt (Accord général sur les tarifs et le commerce) a vu le jour en 1947. Cet accord vise alors à libéraliser les échanges de produits agricoles non alimentaires, tout en laissant la possibilité de « protéger » la production alimentaire. C’est le point de départ du libéralisme européen, dans un contexte de pénurie alimentaire et de volontarisme politique d’une France comptant beaucoup de paysans. C’est le début de l’agriculture intensive avec des objectifs de rendement poussant les paysans à devenir des exploitants et à produire plus, en utilisant massivement des produits chimiques de synthèse.

En 1957, le Traité de Rome reprend les principes de 1947, alors intégrés à la nouvelle Politique agricole commune (Pac). Il libéralise les échanges de marchandises au sein de la Communauté Economique Européenne (France, Allemagne, Italie Benelux). Dans le même temps, il met en place une protection douanière vis-à-vis des pays extérieurs à la CEE et des colonies avec la mise en place d’un tarif extérieur commun. Puis en 1962, la mise en œuvre de la Pac précise ces orientations. Elles prennent la forme de quatre principes : liberté de circulation des marchandises visant à unifier les prix entre les pays membres de la CEE, subventions à l’exportation, ce qui menace l’autonomie alimentaire des pays extérieurs à la CEE, préférence communautaire, ce qui revient à taxer les produits importés qui sont donc plus chers que ceux des pays membre, et enfin solidarité financière par la création d’un fond européen.

Le productivisme mis en cause

Dans les années 70, les premiers cris d’alerte des écologistes se font entendre en même temps que se développe l’agriculture biologique. Les années 1980 voient surgir les crises de surproduction, et dans les années 1990 et 2000 des crises sanitaires dans les élevages intensifs : vache folle, tremblante du mouton, fièvre aphteuse, grippe aviaire… Cela conduit à un recentrage des politiques de subvention pour atténuer les incitations au développement d’une agriculture intensive. En 1992, les aides directes sont attribuées en fonction de la surface et non plus de la production. Ce système entraîne de nouveaux problèmes de répartition des aides entre les agriculteurs cette fois. Il profite aux grands propriétaires céréaliers aux dépens de l’agriculture paysanne. Puis en 1999, la PAC, avec les accords de Berlin, poursuit la recherche de pratiques plus respectueuses de l’environnement, qui sont encouragées avec la création des Contrats Territoriaux d’Exploitation et des Mesures Agro-Environnementales.

Au niveau mondial, l’OMC, créé en 1995, inclut désormais les activités agricoles dans le commerce mondial, en lien avec le GATT. Cela vise à la disparition des subventions et du principe de préférence communautaire, pour ouvrir les marchés. Mais aucun engagement n’a encore été pris pour supprimer les aides aux exportations, qui continuent à rendre les anciennes colonies dépendantes des exportations subventionnées par la CEE. Les enjeux sont complexes entre l’Europe, les États-Unis, et les autres pays qui ne sont pas nécessairement unis dans leurs revendications.

Robin (AL Finistère)

 
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