Synthèse n°5 (26 avril 2016)

Réussir le 28, faire fleurir la lutte en mai !




La prochaine journée de grève contre la loi Travail aura lieu jeudi 28 avril. L’enjeu est une mobilisation forte qui préparera un rebond rapide, dès le 3 mai, début de la discussion sur la loi à l’Assemblée.

La prochaine journée de grève contre la loi Travail aura lieu jeudi 28 avril.

Cette journée fait suite à la dernière journée d’action du samedi 9 avril au début des vacances scolaires. Aux vues du calendrier, la responsabilité de l’intersyndicale était de proposer des pistes pour pouvoir franchir les vacances et ne pas laisser les jeunes seuls à se mobiliser, surtout dans un contexte de très forte répression. Or il n’y avait rien ou presque dans l’appel intersyndical CGT-FO-FSU-Solidaires-Unef sur ces deux sujets.

L’enjeu est donc maintenant de repartir le 28 avril avec une mobilisation forte, qui préparera un rebond rapide, le 3 mai, début de la discussion sur la loi à l’Assemblée, étant une possibilité.

Le gouvernement a profité de ce manque de perspective pour tenter de tuer le mouvement par une méthode éprouvée : la carotte et la matraque. D’un côté il a reçu l’Unef et ses organisations lycéennes début avril, où il a fait plusieurs promesses en direction des jeunes. A l’issue de cette rencontre, l’Unef a émis une appréciation très positive de ces mesures, tout en maintenant son appel à la mobilisation pour le retrait de la loi Travail le 28 avril aux côtés de l’intersyndicale. Solidaires étudiant-e-s a par contre mené une analyse plus détaillée et plus critique de ces annonces dans son communiqué « le gouvernement crée et entretient la précarité, il ne la combat pas ».

De l’autre, le pouvoir déchaîne sa police contre les manifestant-e-s. Le tabassage en règle d’une jeune de 15 ans devant le lycée Bergson à Paris par trois policiers n’est qu’un exemple parmi d’autres. De nouvelles violences policières contre les manifestations des 5 et 14 avril ont décidé des syndicalistes, intellectuels, personnalités politiques à sortir l’appel « Un pouvoir qui matraque la jeunesse est faible et méprisable », aujourd’hui signé par plus de 1000 personnes. Des voix commencent à s’élever au sein même de la police pour dénoncer les ordres reçues par celle-ci afin de faire dégénérer les manifestations pour justifier la répression. La police est y compris allé jusqu’à investir et saccager les locaux de la CNT Lille, interpellant deux militants au passage, dont il faudra suivre les procès.

Quels sont les premiers retours sur la préparation du 28 avril ?

Le 51e congrès de la CGT a été marqué par un abandon du syndicalisme rassemblé, c’est-à-dire de l’alliance privilégiée avec la CFDT, par de forts votes de défiance contre les orientations confédérales (parfois seulement 60% de pour), et par un appel incitant à mettre en débat avec les salarié-e-s la reconduction de la grève. Tout cela malgré les manoeuvres habituelles. Reste à vérifier si ces orientations seront effectivement mises en oeuvre par les structures. On lira sur le sujet le compte-rendu au jour le jour des Communistes libertaires de la CGT.


Solidaires et FO ont également pris des positions nationales poussant à la mise en débat de la grève reconductible.

Les cheminots, qui s’étaient fortement mobilisés le 9 mars contre la nouvelle convention collective de la SNCF, ont convenu de deux nouvelles dates de grève : le 26 et le 28 avril ! Le 26 concernera uniquement la convention collective et regroupe tous les syndicats… y compris ceux favorables à la loi Travail comme la CFDT et l’Unsa. Le 28 ne sera soutenu que par les syndicats opposés à la loi Travail. Il aurait semblé naturel d’appeler à reconduire le 27 pour ancrer la lutte sectorielle contre la nouvelle convention dans le contexte de mobilisation sur la loi Travail, mais ni la CGT, ni SUD ne sont allés dans ce sens. On lira sur le sujet l’article du Rail déchainé, le blog des cheminots d’AL.

La branche pétrole de la CGT Chimie a sorti un appel assez offensif : « Le 28 avril, pour une durée pour l’instant limitée à 24h, pas une goutte ne doit sortir de nos raffineries ». De même que la CGT spectacle, qui titre « Mobilisons-nous le 28 avril et les jours suivants », assorti d’un calendrier de mobilisation. Rappelons que le statut des intermittents est de nouveau menacé avec les négociations en cours sur l’assurance-chômage.

L’appel « On bloque tout », qui regroupe aujourd’hui près de 90 structures syndicales (CGT, CNT, CNT-SO, SUD-Solidaires…), a tenu sa première rencontre nationale le 23 avril. Le compte rendu sera bientôt disponible sur la page Facebook, un appel, « Bloquons la répression » en est sorti.

Les « Nuits debout » sont, selon les villes, très hétéroclites. Elles permettent de réunir des personnes de tout horizon qui sont prêtes à se mobiliser contre la loi Travail et au-delà. Pour d’autres participant-e-s, la loi Travail n’est pas au centre des préoccupations et il s’agit avant tout de se rassembler pour discuter. Globalement il s’agit d’expérimenter une forme intéressante de démocratie horizontale. Il ne faut cependant pas perdre de vue la construction du mouvement social en cours et de rappeler l’importance de la lutte contre le capital au risque sinon d’en rester à une critique de la démocratie mais pas du système économique.

La commission « convergence des luttes » de Nuit debout Paris a ainsi coorganisé avec le journal Fakir, un meeting « Nuit debout : l’étape d’après ?  ». Les débats ont montré la diversité des motivations de chacun et les difficultés à converger sur des actions communes (voir les compte rendus de Libération et Regards). L’idée d’organiser un meeting de convergence entre Nuit debout et les organisations syndicales place de la République à l’issue de la manifestation du 1er mai n’a ainsi pas été reprise, dommage !

Les journées du 28 avril et du 1er mai sont des étapes primordiales dans la lutte contre la loi travail. Il faut essayer de développer au maximum les convergences locales, de rappeler l’importance de la grève comme moyen d’action des salarié-e-s et se donner les moyens de développer des calendrier locaux de mobilisations, de faire des actions de blocages économiques massives, pour augmenter le rapport de force et faire plier le gouvernement et le patronat. Le mois de mai va être décisif !

 
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